Blog littéraire, artistique de Pascal Lamachère

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vendredi, septembre 13 2013

Il était une fois des contes


/ JdP /PRES­CRIP­TEUR


photo plume

Une rose d’hiver


Ins­piré par :


http://www.lejour­nal­de­per­sonne.com/2013/07/la-can­tate-de-per­sonne/

Une fin de jour­née d’hiver, un feu s’allonge sur la glace d’une rivière…
Par quel­ques cré­pi­te­ments, il mur­mure au ciel som­bre, pen­dant que tombe du sable blanc :

« Qu’il est si dur d’aimer
Quand on ne peut par­ta­ger
Le cœur du ciel tout entier,
Garde enfoui du sacré. »

L’air ne résonna pas, nulle réponse, si ce n’est… La glace qui se mit à trem­bler, jusqu’à se faire enten­dre.

La glace : « Vous fai­tes point de fusion,
Êtes-vous en com­bus­tion ?
Est-ce ainsi être amour ? »

Le feu : « Il y en a de tou­tes les sor­tes,
Mais tou­tes ont en com­mun de pou­voir 
Faire cou­ler lar­mes, de l’ombre au séjour.
Quoi­que cela ne soit pas de sa porte,
Pas tou­jours du fait, en soi, du miroir,
Du sen­ti­ment pou­vant val­ser mor­tes.
Plus d’autres qui l’ouvrent et s’y mêlent,
Font chauf­fer bouillon avec bouts d’ailes,
For­ment une bien étrange cohorte
Qui s’en vont fort com­pres­ser la source,
En tirer la sub­stance des lar­mes. »

La glace : « Qu’est-ce que c’est que lar­mes ? »

Le feu : « Les lar­mes, un peu comme de la mousse,
Des paro­les de la lumière en soi,
Qui vien­nent des pro­fon­deurs pour signal,
Si je puis arri­ver à l’écou­ter.
Elles par­lent au cœur qui écoute la loi,
Mur­mu­rent au monde incarné un mal,
Sou­pirs désin­car­nés qui vont tom­ber
En grim­pant la mon­ta­gne con­sa­crée.
Elles sont un peu comme un jar­din secret
Qui pousse der­rière les pages noi­res. »

La glace : « Alors, ça peut faire mal ? »

Le feu : «  Mon amour, des lar­mes de sang a fait cou­ler,
M’a par­tagé entre la joie d’or et l’espoir,
Entre un hori­zon sans orage et un dédale. »

La glace : « Cepen­dant, votre flamme est encore très forte.
Était-elle comme de la lave, ou la mousse 
Ne l’a-t-elle pas apai­sée… D’autres escor­tes ? 
Pen­dant que nous par­lons, je sens des secous­ses !
Une alarme qui me dit que ma fin appro­che ! »

Le feu : « Vous m’en voyez désolé.
Je n’arrive à m’apai­ser,
Juste un peu, par­fois, fan­to­che
D’un vol­can qui est vol­can. »

La glace : « Vous allez vous enfon­cer ?!
Nous ris­quons ainsi tout deux
Pas­ser sous larme du temps. »

Le feu : « Qu’ainsi réa­li­sée,
Pas­sion aura senti cieux,
Car sans, je ne suis rien,
Juste un trait perdu au loin. »

Une soi­rée d’hiver, des mur­mu­res se per­di­rent entre les abî­mes et les cimes.

Au petit matin, un pro­me­neur trouva une sta­lag­mite écar­late en forme de rose au milieu de la rivière.


Con­tes à l’Insou­mise


Ins­piré par :


http://www.lejour­nal­de­per­sonne.com/2013/06/lin­sou­mise/

« Déca­pi­ter ? Gloups… »

Un sol­dat se tourna vers le puits sans fond don­nant sur un ténu filet de lumière.

« Vous avez entendu ? ô capi­taine, mon capi­taine, que pou­vons-nous faire ? »

Point de réponse. Le sol­dat pani­qua quel­que peu.

« Euh… ô gar­dienne du châ­teau des muses, fée du cer­cle des mots dits, enchan­te­resse du bal­con des étoi­les,

A l’heure où la hache tour­noie, où le tran­chant pointe le bout du trait, telle la lune dans la nuit qui pro­vo­que les marées,

Laisse-moi te con­ter l’his­toire de la pierre voya­geuse, qui s’élance vers le bout du bout du monde, et tombe sur une ange, du moins sa malle !

Alors, alors… Il était une fois une pierre voya­geuse qui s’élança vers le bout du bout du monde, mais tomba sur une malle por­tée ! Et voilà ! Tadam !

Euh… Non, atten­dez, pas la déca­pi­ta­tion … Euh, ô capi­taine, mon capi­taine ?! »

Tou­jours pas de réponse, si ce n’est… Cette fois, le filet de lumière s’éva­pora, lais­sant place à une étrange brume phos­pho­res­cente qui remonta, remonta, sor­tit du puits et assom­brit le pay­sage tout en lui don­nant une tou­che de cou­cher de soleil tamisé.

La voix du sol­dat se fit enten­dre tel un écho, un peu plus modu­lée :

« Ô ! fleur de feu,

Il était une fois, dans un vol­can sous-marin, l’ombre de créa­tu­res oubliées depuis la nuit des temps.

La lumière de leur être se cachait dans l’abysse des abys­ses.

Tou­tes s’en por­taient bien ainsi, pou­vant dan­ser, nager, sans être inquié­tées par les créa­tu­res d’en haut.

Un jour de plein été, à l’heure où les nua­ges gron­dent, où l’air est mitraillé des éclats de l’airain céleste, une gigan­tes­que pierre issue de la nuit des temps som­bra, s’engouf­fra en direc­tion du vol­can. Des pois­sons et des mam­mi­fè­res marins ne purent rien faire à son pas­sage, d’autres eurent le temps de quit­ter le point d’impact.

Il était une fois, un vol­can sous-marin à la crête ouverte.

La pierre fut arrê­tée, ne fit pas de dégâts parmi les créa­tu­res du vol­can sous-marin, leur châ­teau encore intact. Mais bien­tôt l’eau salée et l’eau de feu se ren­con­trè­rent, sui­vit une réac­tion en chaîne, et les ombres devin­rent vivan­tes, et les vivan­tes furent mises en dan­ger par le chaos ambiant.

Des requins pré­his­to­ri­ques, nés dans la nuit de l’océan, sor­ti­rent à ce moment vers ce jour de flamme.

Il était une fois un jour de flamme dans une nuit de lumière.

Sans l’envoyée des anges du ciel, une sirène, cette his­toire se serait arrê­tée là, dans une fin sinis­tre pour les créa­tu­res sans défense face aux élé­ments déchaî­nés.

Il était une fois une envoyée des anges du ciel, une sirène munit du scep­tre des 5 élé­ments.

Après avoir agité son scep­tre, la sirène poussa un cri défiant tout bruit et tout silence. Une étrange lumière jaillit de sa bou­che jusqu’à l’abysse des abys­ses, éloi­gnant les requins, enro­bant d’un voile pro­tec­teur cha­que être des créa­tu­res oubliées afin qu’elles puis­sent rega­gner leur pro­fon­deur sans être plus bles­sées, sépa­rant l’eau de feu et l’eau salée, dis­sol­vant la pierre issue de la nuit des temps, y for­geant un nou­veau dôme pour le vol­can sous-marin. Aus­si­tôt fait, l’envoyée rega­gna son poste de vigile de la Loi du Ciel.

Il était une fois plu­sieurs mon­des sau­vés. »

Ces der­niers mots expri­més, la brume s’éva­pora, lais­sant un sol­dat per­plexe, mais pas trop mécon­tent.

« Alors ?! A vous de déci­der du sort qui sera réservé ! »

Et c’est ainsi qu’un cou­pe­ret tomba, à côté, jusqu’à une pro­chaine fois ?!

*     *     *     *     *     *     * 


Une belle nuit d’été, rien ne sor­tit de la bou­che du capi­taine. Le sol­dat pani­qua quel­que peu lorsqu’il vit l’ins­tant fati­di­que appro­cher et la grande Shah­ryare s’impa­tien­ter. Il mar­cha à pas rapi­des sur les rem­parts, posant tour à tour ses yeux sur l’hori­zon obs­cur de l’océan silen­cieux et celui de vagues remuan­tes, et sur le cou­pe­ret dans la cours.

Sou­dain, alors que ses pau­piè­res se fai­saient lour­des, il eut une idée ! Il cou­rut jus­que dans une cham­brée, sor­tit un par­che­min et alla voir la gente dame au tran­chant ferme.

Si vous me le per­met­tez, ô insa­tia­ble Shah­ryare, insou­mise parmi les insou­mi­ses, je res­sors un texte de cir­cons­tance pour cette fin de nuit :

« Avant d’aller dor­mir ou mou­rir

Avant d’aller dor­mir ou mou­rir,
Rejoin­dre la lumière du dehors
Par les ombres du dedans,
J’aurais voulu vous dire,
J’aurais voulu con­ter stel­laire flore,
J’aurais voulu dans l’élan,
Au creux des mots tami­sés,
Les légen­des d’aujourd’hui vous dévoi­ler…

Avant d’aller dor­mir ou mou­rir,
J’aurais voulu aller au bout de mes aven­tu­res
Mais la plume d’esprit a « tiqué »,
Les héros se sont mis à fré­mir,
Se sont faits à con­tre pau­pière le mur
Et mon cœur s’est mis à cour­ser
Le sable du mar­chand en vue d’offrir
Une fin des temps aux faux mobi­les…

Avant d’aller dor­mir ou mou­rir,
Rejoin­dre la pénom­bre qui oscille,
J’aurais voulu pou­voir la dire,
La beauté de vie en mots à par­ta­ger,
La beauté de la faran­dole des par­che­mins liés,
Ceux qui ont été
A nos riva­ges semés…

Avant d’aller dor­mir ou mou­rir,
J’aurais voulu pou­voir com­po­ser,
En une courte envo­lée, en quel­ques vers,
L’his­toire des mon­ta­gnes sai­sir
Des abî­mes, des cieux gri­sés,
Par­ler des maux de la terre,
Mais une muse a voulu savou­rer
Et sur la page ces lignes a « sai­gné »…

Pour l’indi­ci­ble, repos n’est pas une trêve,
L’éveil en est la sève,
Les volets clos en sont la grève,
Alors je vous sou­haite doux rêves…

Et main­te­nant, la tête repo­sée,
Je peux aller dor­mir ou mou­rir, même si la mutine
Con­ti­nue, dans les recoins, lumière à poin­ter,
Mur­mu­rant ses mots, agi­tant en songe sa mine… »


Le réci­ta­teur déglu­tit, espé­rant avoir échappé une nou­velle fois au cou­pe­ret.

*     *     *     *     *     *     * 


Alors qu’il était dans la cours, à gam­ba­der sur les vagues impal­pa­bles, près du cou­pe­ret, une fin de jour­née, au temps des falai­ses du cré­pus­cule, le sol­dat fut inter­pellé par un capi­taine : « Si vous êtes prêt, c’est à votre tour ! »

Le sol­dat fit un signe d’enten­de­ment et se leva, prit une grande ins­pi­ra­tion et se ren­dit à pas rapi­des dans la salle des mille et une his­toi­res. Il eut un mélange d’appré­hen­sion et de joie. Mais alors qu’il fran­chit le seuil, une lumière vio­lette cré­pus­cu­laire illu­mina son regard, et il s’arrêta un ins­tant.

L’Insou­mise Shah­ryare : « Eh bien ?! J’attends ! Que fai­tes-vous donc planté là ? Si vous vou­lez direc­te­ment aller au cou­pe­ret, libre à vous ! »

Le sol­dat baissa les yeux : « Ô gente Shah­ryare, oreille atten­tive, cro­queuse de con­tes, muse d’Athéna… »

L’Insou­mise Shah­ryare : « Muse d’Athéna ? Vrai­ment ? »

Le sol­dat releva les yeux, avec un air légè­re­ment con­trit, puis laissa s’échap­per un petit rire en haus­sant les épau­les : « Oui, vrai­ment ! »

Il alla s’assoir sur le cous­sin du con­teur, devant le trône.

Le con­teur : « Ce soir, je vais vous racon­ter l’his­toire du capi­taine qui se pre­nait pour un sol­dat… Mais si ça ne vous plait pas, plu­tôt que de me faire cou­per la tête, j’opte­rai pour le déshon­neur en m’enfuyant ! »

L’Insou­mise Shah­ryare : « Oh oh ! Vous voilà bien opti­miste ! Je suis peut-être réel­le­ment muse d’Athéna ? En tout cas, vous le décou­vri­rez si jamais vous essayez de fuir ! »

Le con­teur : « Vous voilà bien opti­miste ! »

L’Insou­mise Shah­ryare : « Imper­ti­nent ! »

Le con­teur : « Per­ti­nent ! Je cours vite et j’ai déjà mon plan, mais… »

L’Insou­mise Shah­ryare : « Je pour­rais deman­der à l’ins­tant à ce que la porte de cette salle soit fer­mée et les fenê­tres gar­dées ! »

Le con­teur : « J’ai des com­pli­ces ! »

L’Insou­mise Shah­ryare : « Vous bluf­fez ! »

Le con­teur : « Euh… Oui, bon, je ne sais pas vous men­tir ! Tou­jours est-il que… Euh… ça sem­blait une bonne idée au départ, en fait… Bref ! De tou­tes les façons, je vous aime bien, et je n’ai pas l’inten­tion de fuir ! Et puis même si mon his­toire est courte, je pense qu’elle devrait m’évi­ter de pas­ser l’arme sous terre ! »

L’Insou­mise Shah­ryare : « Merci de m’en lais­ser juger ! »

Le con­teur se lança : « Lors d’un nou­veau jour nais­sant,
en fin d’hiver, au fri­mas,
un capi­taine sorti,
prêt à bra­ver tous les temps.
Il fut seul, sans ses sol­dats,
vou­lant met­tre que sa vie
en jeu dans les cou­tu­mes
à exé­cu­ter tou­jours.
Quand à l’une il s’apprê­tait,
sur la rive de l’écume
des étoi­les du gel lourd,
il vit un vieillard tom­ber.
Tou­ché par la vue de faux,
il tituba, s’arrêta,
à cet ins­tant, des sor­ciers
du grand pays des cents flots,
élu­rent de plan­ter mats,
de pos­sé­der les êtres
devant ses yeux immo­bi­les.
Mais ils ne furent maî­tres
qu’un bat­te­ment qui cille,
un moment de fai­blesse.
Pas assez pour l’empor­ter,
assez pour qu’aucun gagne,
tous vivent l’ins­tant tris­tesse :
mages noirs dépos­sé­dés,
échap­pant de peu au bagne ;
capi­taine sans mémoire,
se pre­nant pour un sol­dat. »


L’Insou­mise Shah­ryare : « Euh… Com­ment s’en est-il sorti ? Seul con­tre des mages ? C’est pas un peu abusé ?! »

Le con­teur : « J’ai pas fini ! Enfin, j’ai pas abordé le com­ment, pour lais­ser votre ima­gi­na­tion déci­der ! Voyez comme je suis géné­reux ! Mais dans mon his­toire, il avait quel­ques pou­voirs, un capi­taine des mages blancs ! et puis il a été aidé par d’autres, aler­tés par la bataille ! »

L’Insou­mise Shah­ryare : « Hu hu ! Bon, soit ! Finis­sez ! »

Le con­teur : « Depuis lors, les siens eurent beau
lui rafrai­chir, sans espoir
devant son man­que de foi.
Il erra ainsi, ser­vant
sans cher­cher à com­man­der,
sans met­tre non plus élan,
jusqu’à l’illu­mi­na­tion
de sour­ces à pro­té­ger,
vue de cieux en créa­tions,
tels ceux d’une Shah­ryare
et de sa suite aux his­toi­res. »


L’Insou­mise Shah­ryare : « Bon ! Vous pou­vez dis­po­ser pour ce soir ! Allez me cher­cher le sui­vant ! »

Le con­teur s’inclina, adressa un franc sou­rire à Shah­ryare et s’exé­cuta.

Suite en cli­quant ici

Autre suite sur : Pro­ject Chaos : http://www.lejour­nal­de­per­sonne.com/2013/08/pro­ject-chaos-pas­cal-lama­chere/

Autre conte à lire : His­toire d’une créa­tionhttp://www.lejour­nal­de­per­sonne.com/2013/08/ana­lyse-lit­te­raire-de-123-soleil-pas­cal/

D’autres poè­mes et con­tes à lire sur : http://fr.groups.yahoo.com/group/coeur­ro­man­ti­que/mes­sage/244

Pour décou­vrir les der­niè­res créa­tions, les der­niers billets-vidéos de “Per­sonne”, du Jour­nal de Per­sonne (con­cept d’info-scé­na­rio, perle artis­ti­que à ne pas man­quer, à médi­ter, par­ta­ger), sui­vez la piste sur : http://www.lejour­nal­de­per­sonne.com/cate­gory/jour­nal/

mardi, décembre 25 2012

Contes - Histoire de fausse démocratie et de Noël


Ely­séen et la rose


Ins­piré par : http://www.lejour­nal­de­per­sonne.com/2012/12/andouille-quitte-gri­bouille/

Il était une fois un jar­di­nier pas comme les autres, s’occu­pant d’une flore pas comme les autres…

Ely­séen, le jar­di­nier, venait matin et soir bichon­ner la ver­dure de son immense serre bap­ti­sée Démo­cra­ne­rie. Il arro­sait cha­que par­celle avec un liquide argenté, appor­tait du soin à toute la troupe ver­doyante, mais plus par­ti­cu­liè­re­ment à deux créa­tu­res qui avaient les faveurs de la gale­rie : une rose rouge et un chêne. Pas des que l’on trouve par­tout ! Non ! Des qui par­lent ! Enfin, qui émet­tent des sons ! Il n’y avait que quel­ques spé­cia­lis­tes qui arri­vaient à tra­duire leur lan­gage, du moins, le pré­ten­daient-ils ! Per­sonne ne pou­vait véri­fier…

La rose était res­plen­dis­sante, ses péta­les sem­bla­bles à la soie émet­taient une douce lumière rosée qui tou­chait le cœur de nom­breux visi­teurs, qui ne ces­saient de l’admi­rer. Elle ins­pi­rait à par­ta­ger, du moins en appa­rence : cer­tains se dis­pu­taient la place où ses crins rosés étaient le plus effi­ca­ces.

Le chêne était majes­tueux, ses bran­ches, ses feuilles sem­blaient inal­té­ra­bles, la cime ren­voyait une lumière bleue d’un côté et rouge légè­re­ment rosé de l’autre. Il ins­pi­rait la viri­lité, la vigueur, les esprits guer­riers, du moins en appa­rence : comme pour la rose, cer­tains se dis­pu­taient une place, celle où les rayons con­ver­geaient, mais c’était plus des cha­maille­ries d’enfants jouant dans un bac à sable.

Cer­tains sem­blaient jon­gler entre plu­sieurs, aller d’un groupe à l’autre. Il com­pre­nait ces der­niers, car pour lui, toute la flore avait son charme.

Ely­séen n’avait pas pris une ride. Il lui sem­blait tra­vailler ici depuis tou­jours. Il pen­sait faire ce qu’il fal­lait, il y met­tait tout son amour, même s’il se ren­dait compte qu’il deve­nait de plus en plus dif­fi­cile de bien pren­dre soin de la vie de sa serre, quand les grou­pes qui s’étaient for­més autour d’une créa­ture végé­tale ou une autre, se dis­pu­taient en leur sein et con­tre les autres. Les plus gros­ses affluen­ces, les plus gros­ses dis­pu­tes reve­naient par période cycli­que : tous les 5 ans, depuis un cer­tain temps, où tout le peu­ple de France devait élire sa créa­ture pré­fé­rée, et lui don­ner ainsi à elle et son groupe de fans de le diri­ger à la baguette.

Ely­séen pen­sait faire ce qu’il fal­lait, mais il se ren­dit à l’évi­dence, un jour, qu’il n’y était pas, qu’il s’était trompé… C’était un de ces jours à met­tre un Cyrano dehors… pfiout… Envolé le long nez, les tira­des, le cœur enivré… Il avait boudé la rose et choi­sit le chêne au der­nier con­cours, chêne qui avait perdu l’affec­tion de la majo­rité des élec­teurs. Grand mal lui en a pris ? Que nenni. C’est un pic, c’est un cap… c’est un tsu­nami qui a tout ren­versé la pénin­sule. Même la vic­toire, l’élec­tion du grand arbre pour le cycle en cours n’aurait peut-être pas pu rete­nir le grand gaillard. C’est du moins la réflexion que s’était faite le jar­di­nier en allant s’occu­per de la rose…

Ce jour où il se ren­dit compte à quel point il s’était trompé, Ely­séen eut l’impres­sion de tout redé­cou­vrir… En trou­vant la rose à l’ago­nie, n’émet­tant plus de lumière, se trou­vant main­te­nant dans l’ombre du chêne, toute flé­trie, il creusa un peu à côté, pour aérer les raci­nes… et tomba sur une racine du chêne… Il alla ailleurs, près d’un autre végé­tal… Même chose. Il com­prit que si cha­que créa­ture sem­blait avoir sa pro­pre âme, sa pro­pre vie, elles étaient tou­tes liées aux autres d’une manière ou d’une autre, par les ombres mélan­gées et/ou les raci­nes.

Ely­séen retourna près de la rose… Pour la pre­mière fois, il lui sem­bla com­pren­dre ce qu’elle disait, écouta ses der­niè­res volon­tés émi­ses d’une voix cris­tal­line :

« Cueille-moi, déli­ca­te­ment,
Offre-moi à une ménes­trelle
Qui a vu venir le déclin de mes frê­les.
Tu la recon­naî­tras aisé­ment,
Elle ne res­sem­ble à per­sonne,
Racon­tera mon his­toire comme Per­sonne ! »

… Il se raconte sur les che­mins que la rose des­sé­chée a été vue dans la bou­che d’une grande artiste, gui­tare à la main, racon­tant son his­toire à quel­ques pri­vi­lé­giés…




La peur est une ordure


Ins­piré par :


http://www.lejour­nal­de­per­sonne.com/2012/12/la-peur-noel/

Un matin de Noël, je m’appro­chais de l’âtre. Il ne res­tait que des brai­ses vives, suf­fi­sam­ment pour éclai­rer un peu la pièce ; dehors, il fai­sait som­bre, des nua­ges coton­neux se doraient la face lumi­neuse et nous lais­saient que l’ombre de leurs anges…

J’avais dans les bras une créa­ture ché­tive, l’incar­na­tion de peurs, et l’idée de la jeter sur les brai­ses, geste qui me sem­blait digne d’un cadeau d’anni­ver­saire et de Noël fait au coeur, dans l’espoir que la créa­ture enflam­mée ral­lume les brai­ses, fasse la flamme renaî­tre et illu­mi­ner de la sur­face de la peau aux tré­fonds de l’âme…

Arrivé tout prêt, dans l’ultime ins­tant, une autre étrange créa­ture se jeta sur moi, me fit tré­bu­cher et m’immo­bi­lisa, me téta­nisa sans me tou­cher. Elle me toisa un ins­tant, puis cra­cha un étrange liquide sur mon corps. Elle sem­blait prête à vou­loir me tuer, à me pous­ser dans les brai­ses pour me faire flam­mes…

Une amie arriva, tenta de chas­ser la créa­ture. Cette der­nière la repoussa d’abord, la fit s’asseoir, tenta de la ligo­ter. Mais l’amie n’avait pas dit son der­nier mot ! Elle lui donna un grand coup de pieds, puis un deuxième qui la désé­qui­li­bra pour de bon… Je pus de nou­veau bou­ger, me rele­ver, aider l’amie à immo­bi­li­ser la créa­ture, pour fina­le­ment la met­tre « au feu » avec la créa­ture ché­tive…

Et la flamme fut, et la lumière chaude enva­hit la pièce, accom­pa­gnée d’un souf­fle qui ouvrit la fenê­tre, gagna les nua­ges, et le soleil d’hiver se mit à tom­ber vers les chau­miè­res, vers nos têtes, vers la terre, incarné en peti­tes étoi­les gelées qui recou­vri­raient bien­tôt tout d’un man­teau imma­culé…

Ouvrez, ouvrez
la cage de silen­ces
aux mots dits…

Ouvrez, ouvrez
la cage de l’hors temps
à l’ins­tant éter­nel…

Ouvrez, ouvrez
la cage du gris
à la vie et ses cou­leurs…

Ouvrez, ouvrez
la cage d’une sagesse sans sage
aux sages de pas­sage…

Et rions, rions, brû­lons par le rire les peurs, les pho­bies, même les plus amphi­bies !
Et vivons, vivons, une autre ronde, une ouverte à la vie, où cha­que jour se fête, sans les bor­nes de l’inter­dit, sauf cel­les qui seront pesées, dis­cu­tées, vou­lues par le for inté­rieur ?!
Et rions, rions, sou­rions, sou­rions, aimons, aimons…

Joyeux Noël !

mercredi, mars 11 2009

Jeu de rôle sur forum Firrriöne ou la Terre de Tolkien, nouvelle introductive

bannière jeu de rôle par forum la Terre de Tolkien


Il était une fois, dans une loin­taine galaxie…

« Attends, grand Pah ! Si l’his­toire se déroule sur la pla­nète où l’on va aller, elle ne se trouve pas dans une galaxie loin­taine, non ? »
« Je suis d’accord avec Tibon, le début est nul ! »
« Les enfants ! Lais­sez Pah con­ter l’his­toire ! »
« Merci Luna. Tibon, Veline, j’aurais pu adap­ter cette his­toire à votre géné­ra­tion, mais com­pre­nez qu’il s’agit de se met­tre à la place de ceux qui atten­daient que les éclai­reurs revien­nent de plu­sieurs galaxies ! Bon, je reprends… »

Il était une fois, dans une loin­taine galaxie, une expé­di­tion humaine com­po­sée des vais­seaux spa­tiaux Sky­wal­ker 6, Pot­ter 7, Sda 3, Dis­que Monde 36 et Kok 1. Depuis Terra Octa, l’expé­di­tion avait tra­versé le cen­tre de l’uni­vers, le voile rouge du cen­taure, la galaxie gelée de Vela­nore la bleue, avait réussi à évi­ter de peu l’attrac­tion des cra­tè­res for­més par les galaxies jume­lées bap­ti­sés les Mires

« Bip ! Firr­riöne moins 45 bat­te­ments ! »

Lou lança un regard atten­drit et fit un petit signe de la main vers sa petite famille réu­nie sur un fau­teuil en forme d’étoile, dans une pièce ovale trans­lu­cide. Bien qu’il n’était pas tech­ni­que­ment utile, le com­man­dant de la navette devait être pré­sent à l’arri­vée. Celui-ci était resté debout, près de l’entrée, et n’avait que quel­ques pas à faire et un élé­va­teur à pren­dre pour se retrou­ver dans la salle des navi­ga­teurs-ser­veurs-androï­des où les rôles et les tâches s’effec­tuaient et se chan­geaient en fonc­tion d’un plan­ning écrit au bat­te­ment près, avec un sur­plus d’effec­tif dédié à « l’impré­vi­si­bi­lité humaine ». Seul le rôle de Lou n’était pas inter­chan­gea­ble. Pour la sta­gna­tion (équi­va­lent de l’atte­ris­sage) le pro­to­cole exi­geait la pré­sence d’un humain à qui le rôle avait été con­fié et enre­gis­tré dans la base de don­nées. Si jamais il avait trouvé la mort avant de rem­plir son rôle, la navette se ser­rait mise à l’arrêt le temps que les auto­ri­tés com­pé­ten­tes enre­gis­trent un nou­veau res­pon­sa­ble.

Pour­quoi un être humain est-il indis­pen­sa­ble pour l’arri­vée ? Allez deman­der cela à l’équi­page test du nou­veau pro­to­cole qui devait démon­trer que cette étape, entre autre, était inu­tile, que les ordi­na­teurs pou­vaient juger par eux-mêmes si suf­fi­sam­ment bien pro­gram­més. Seu­le­ment, vous ne pour­rez inter­ro­ger que la copie de leurs cons­cien­ces avant le moment fati­di­que. Ils ont tous trouvé la mort en atter­ris­sant dans un lieu mal­famé. Même pas à cause de pira­tes de l’espace qui les auraient pris par sur­prise. Non. Ils s’étaient retrou­vés dans un lieu peu­plé par une espèce de mou­tons noirs qui s’étaient avé­rés être des car­ni­vo­res plus dan­ge­reux et plus effi­ca­ces que des lions affa­més cou­plés à des piran­has. Un com­man­dant humain bien formé aurait inter­dit l’appro­che sans s’être assuré que ces créa­tu­res ne repré­sen­te­raient aucun dan­ger. Le cer­veau infor­ma­ti­que les avait pri­ses pour des mou­tons de Terra Prima bour­rés de méla­nine et n’avait pas cher­ché plus loin. Le pro­gram­ma­teur, après s’être excusé, avait pro­posé d’affû­ter son pro­gramme, mais suite à ce drame ses détrac­teurs ont eu gain de cause : pour­quoi rem­pla­cer un homme qui fera tou­jours par­fai­te­ment son tra­vail, avec un ris­que 0 si bien épaulé par la tech­no­lo­gie qu’il a à dis­po­si­tion ?

Lou avait donc quitté les siens en cou­rant pour faire son der­nier devoir au cours du voyage entre­pris une année humaine aupa­ra­vant, 7 années après le pre­mier con­tact avec les firr­riö­nei­mos. Lors de sa sélec­tion en tant que com­man­dant pour ce voyage, et pen­dant sa for­ma­tion, sa curio­sité avait été émous­tillée au point qu’il aurait posé les pieds même s’il y avait un nid de Pira­tons (les créa­tu­res qui avaient été pri­ses pour des mou­tons noirs).
En pre­mière « décou­verte annon­cée et atten­due », au moment où il mit les pieds dans la salle des navi­ga­teurs-ser­veurs-androï­des, la navette tra­versa le voile de brume qui entou­rait la pla­nète et englo­bait pres­que la moi­tié de cette galaxie. Un espace blanc cré­meux s’éten­dit à perte de vue, les étoi­les se dis­tin­guè­rent à peine et même les yeux les plus acé­rés ne purent jurer qu’il y avait un uni­vers vaste au-delà. Étant donné qu’aucun ins­tru­ment de mesure humain n’avait pu cap­ter cette par­tie blan­che de l’uni­vers, et étant donné les décou­ver­tes fai­tes sur Firr­riöne, ce phé­no­mène avait trouvé une expli­ca­tion magi­que au sein des bou­ches et des cer­veaux aussi bien vivants qu’infor­ma­ti­ques.

Le com­man­dant se trouva main­te­nant face à une vue miri­fi­que de la pla­nète ter­mi­nus. Il savoura ces quel­ques ins­tants, le cham­bou­le­ment créé par des efflu­ves magi­ques dan­sant autour de son corps puis tra­ver­sant les pores de sa peau. Il fris­sonna et épous­seta fiè­re­ment sa tuni­que océane aux épau­let­tes étoi­lées. Il se trou­vait à des cen­tai­nes de mil­lions d’années lumière de ce que ses pairs pen­saient être la pla­nète de l’ori­gine humaine et se trou­vait à la fois insi­gni­fiant et ouvert à un pou­voir sans bor­nes. L’ima­gi­na­tion de ses ancê­tres n’étaient-ils que des relents d’une réa­lité qu’ils avaient jadis effleu­rée grâce à leur sixième sens et dans laquelle ils bai­gnaient à pré­sent ? Sur­nom­mer Firr­riöne la Terre de Tol­kien était un de ces hom­ma­ges ren­dus his­toire de par­ta­ger la décou­verte avec leur mémoire. En y repen­sant, Lou se féli­cita d’avoir voté pour.

La vague de plai­sir passa et les impé­ra­tifs rap­pe­lè­rent à l’ordre le nou­veau magi­cien : il avait attiré dans sa main un verre de jus de pirias qui trô­nait sur le pla­teau-main d’un ser­veur pen­dant que le mes­sage « Ordre à don­ner » cli­gno­tait sur le devant trans­lu­cide du cock­pit.
 
« Ova ? Affi­che-moi notre lieu d’atte­ris­sage ! »

La carte de la pla­nète s’affi­cha puis laissa place à la carte du con­ti­nent et enfin un zoom fut fait sur une cité jusqu’à ce qu’une infra­struc­ture prenne toute la place. Lou cons­tata que tout était « nor­mal » et le dra­peau blanc était hissé au som­met du bâti­ment qui devait les accueillir.

« Ova, je cer­ti­fie que la sta­gna­tion peut débu­ter ! »

Ova, l’ordi­na­teur vigile avancé, lui demanda d’appo­ser son front con­tre le scan­ner de neu­ro­nes. Lou avait déjà entamé le geste et le laser fit aus­si­tôt son oeu­vre. Il avait hâte de se dégour­dir les jam­bes sur cette terre… et de décou­vrir quel serait son second pou­voir. D’après les témoi­gna­ges recueillis, chez les adul­tes le second pou­voir se mani­fes­tait quel­ques bat­te­ments après avoir res­pi­rée la pla­nète. Plus que 2 bat­te­ments et cela serait pos­si­ble…

Il était une fois une pla­nète où la magie était aussi pré­sente que l’air dans les pou­mons d’un vivant, une pla­nète où se côtoyaient des tech­no­lo­gies dites pri­mi­ti­ves et des tech­no­lo­gies de l’ère bap­ti­sée l’âge d’Isaac Asi­mov ou plus com­mu­né­ment l’âge sf, une pla­nète où se tra­mait depuis la nuit des temps la des­ti­née du grand tout dans l’ombre du big-bang, dans l’ombre des étoi­les de l’uni­vers connu…
Il était une fois une pla­nète où moult guer­res épi­ques en avaient fait explo­ser des mor­ceaux, une pla­nète où, au prix de la désin­té­gra­tion de quel­ques « pre­miers », un mel­ting-pot de créa­tu­res fée­ri­ques et démo­nia­ques avaient finies par trou­ver une paix pré­caire sur la majo­rité de sa sur­face (du moins ce qu’en avaient déduit les « étu­diants »)… La venue des vais­seaux avait cham­bou­lées les for­ces en pré­sence et les « gar­diens » avaient dû faire face à l’écume de trou­bles, suf­fi­sam­ment con­te­nus pour être cachés de la con­nais­sance des « sur­veillants » humains.

La suite, l’his­toire à venir des êtres vivants de cette pla­nète fut écrite par cha­cun, anciens et nou­veaux… Y pren­drez-vous part ?

*         *
                                                                                                    *



mardi, février 24 2009

Le tique d'Éros ou la volupté du ciel


Bien que cela reste suggestif, certaines « scènes d’amour » du texte, du « conte érotique » dont il est question sont susceptibles d’heurter la sensibilité de jeunes lecteurs. Aussi, j’ai protégé son accès par un mot de passe qu’il vous faut me demander via le formulaire de contact (cliquez ici).

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@ peluche
Pascal

mardi, septembre 30 2008

Une histoire de feu d'artifice (petit conte)

photographie de feu d'artifice du 14 juillet 2008 à Toulouse, tiré depuis la prairie des filtres

Il était une fois, dans un siè­cle loin­tain, Euterpe et Ura­nie…

Pri­ses par une eupho­rie mutine, le long de l’allée cen­trale du jar­din céleste, elles s’amu­saient avec l’arc d’Apol­lon enfant…

Elles com­men­cè­rent par jouer avec des bran­cha­ges trem­pés au préa­la­ble dans la grande fon­taine du milieu, la source de vie. Une fois les feuilles bien imbi­bées, Ura­nie les embrasa à la manière des étoi­les, Euterpe insuf­fla la nais­sance d’une mélo­die, de l’étin­celle à cha­que sou­bre­saut des flam­mes.

Pen­dant ce temps, leur demi-frère, allé faire une autre polis­son­ne­rie, avait eu assez de grains pour reve­nir, mais il les observa sans cher­cher à les répri­man­der. Et même, quand elles se mirent à déco­cher plus haut, à maî­tri­ser leur art dans ce petit jeu, à faire fré­mir l’air de notes enivran­tes, à diver­si­fier les for­mes et user tou­tes les cou­leurs de l’arc-étoile, à ne faire plus qu’une, il y ajouta l’objet de son lar­cin : les fou­dres de Zeus.

Il en résul­tat un faux big-bang en accé­léré, la nais­sance de faus­ses galaxies… à en faire pâlir de jalou­sie le soleil qui, jusqu’alors, était le seul à briller avec autant de flam­boyance dans l’infini empri­sonné entre les murs de la Voie lac­tée. D’ailleurs, au paroxysme de « l’évé­ne­ment », le con­duc­teur du char de la fleur de feu prit ombrage, s’arrêta… et, peu après les der­niers relents, la der­nière écume arti­fi­cielle, il finit par s’éva­nouir dans le néant d’un trou noir.

Ce ram­dam n’échappa évi­dem­ment au maî­tre des lieux qui mit toute la faute sur celui qui allait deve­nir Phé­bus et avoir la tâche d’ame­ner au bon ciel le char. Mais ceci est une autre his­toire, et dans celle qui nous inté­resse, l’impor­tant est que des humains de la terre de Chine eurent la chance d’assis­ter au spec­ta­cle divin depuis les tré­fonds de leurs noi­set­tes bri­dées…
Ils ten­tè­rent de le repro­duire, mais durent faire des com­pro­mis à cause de leur sauce limi­tée, et ce mal­gré le con­cours mur­muré des muses venues les visi­ter ; les deux du pre­mier feu d’arti­fice avec de temps à autre cer­tai­nes de leurs soeurs avi­des de nou­vel­les créa­tions et de faire au mieux avec les « moyens du bord », tout en les déve­lop­pant.

Bien que la capa­cité soit deve­nue à notre por­tée, la per­fec­tion ori­gi­nelle ne fût cepen­dant pas retrans­crite et tomba petit à petit dans l’oubli, à moins qu’un jour un ins­piré arrive à s’ouvrir tota­le­ment aux paro­les d’Euterpe et d’Ura­nie… et que Phé­bus obtienne clé­mence et qu’il lui soit trouvé un rem­pla­çant.

Tou­jours est-il que les con­teurs, les artis­tes, les voya­geurs et les scien­ces bou­geant, évo­luant sous les effets de chro­nos, l’engoue­ment tou­cha de nom­breu­ses cul­tu­res, le feu arti­fi­ciel fût décliné et la rela­tive per­fec­tion humaine fût atteinte à de main­tes repri­ses…

C’est ainsi qu’une belle soi­rée de 14 juillet 2008, sur les ber­ges de la Garonne, en marge de la prai­rie des fil­tres…

Une myriade d’étoi­les dans le ciel,
aussi éphé­mè­res qu’une filante,
aussi éblouis­san­tes qu’une nova,
aussi fré­tillan­tes qu’un lézard,
aussi ébau­bis­san­tes qu’une aurore boréale,
aussi bruyan­tes que le feu au pou­dre du canon,
aussi mélo­dieu­ses que les flots qui s’écu­ment,
aussi uti­les, pal­pa­bles et réel­les qu’une pen­sée exis­ten­tielle,
aussi épar­ses que des tou­ches de pein­ture lan­cées par une main de maî­tre…

… écla­tè­rent et enivrè­rent la mire au rythme d’une sym­pho­nie, jusqu’à la lie du final, pour peu qu’elle y ait été « sen­si­ble ».

© Pas­cal Lama­chère - Juillet 2008

Si vous êtes sur face­book, pour zyeu­ter d’autres pho­to­gra­phies du feu d’arti­fice, cli­quez ici

Sinon, vous pou­vez les voir dans le désor­dre sur la gale­rie “Fes­ti­vi­tés”, cli­quez ici.


mardi, octobre 31 2006

Une histoire d'Halloween (Petit conte)

Citrouille Halloween

Citrouille sculptée,
Halloween est à la porte,
Ouverture aux esprits…


* * * * *


Une histoire d’Halloween

Halloween était à la porte de la soirée. Dehors il faisait un “froid de glaçon” et déjà bien sombre. Sombre… nom donné à une saison celtique qui débute à la même période. Il doit être écrit quelque part sur le livre du destin des hommes que fin octobre devait être une période charnière à l’influence mystique. Mon ami me contait d’ailleurs que… Ah, je ne vous avais encore jamais parlé de lui ?! Et bien…

Je ne le vois pas souvent, une fois de l’an. Mais il est toujours à l’heure, toujours fringué comme un aristocrate avec sa perruque blanche et son ourlet en dentelle autour du cou, une redingote marron bien propre et des chaussures… d’une autre époque. Il s’appelle Louis, Louis De Fugot. Cerise sur la noblesse, ses armoiries sont estampillées sur des écussons au niveau de sa poitrine. Par contre, si vous imaginez qu’un tel homme est imbu de lui-même, suffisant, que nenni. Le premier jour où nos routes se sont croisées, il était prêt à soulever des montagnes pour un petit service de rien du tout que je lui avais rendu. Bref, Louis n’a pas que des qualités mais c’est un “être” agréable et un ami qui comble petit à petit, années après années, le vide de mon inculture.

Pour revenir à cette histoire d’influence mystique, mon ami me contait que Samain était une fête célébrée par la société celtique, prenant racine sur un “point de bascule”, un “vertige du temps”, représentant une période charnière aussi symbolisée par le passage entre le monde des humains et celui des dieux, hors du temps ; rien à voir cependant avec Halloween qui est anglo-saxonne avec une origine irlandaise. Samain avait lieu le premier novembre, devenue pour les catholiques la fête des morts du 2 novembre, avec un 1er novembre consacré à la célébration de la Toussaint. Une grosse différence étant que les celtes devaient obligatoirement y assister, qu’elle durait une semaine, de 3 jours avant à 3 jours après. Toute absence aurait été punie de mort.

A choisir entre une fête que certains taxent de commerciale et une fête religieuse obligatoire sous peine de mort, je crois que je préfère notre sort. Enfin, des anecdotes de Louis, je regrette que nous n’ayons pas une telle fête de plusieurs jours, et surtout que cette soirée n’ait pas une identité culturelle plus marquée, une âme plus respectée sur nos terres françaises. Si nos croyances ne changeront rien à certains “faits”, je me dis parfois qu’il est justement dommage que certains d’entre nous ne voient pas ces faits qui nous pendent au nez. Car, croyez le ou non, la soirée d’Halloween, derrière chaque Jack o’ Lantern, dans l’ombre de son chatoiement, les araignées dansent sur les fils tissés à la sueur de leur glande, lorsque les enfants viennent quémander des bonbons, des diablotins restent tapis - derrière des petites pierres invisibles - en embuscade pour leur en chiper, et non loin de la lune, du côté de la face cachée, des sorcières et des sorciers s’amusent sur des balais à faire la course avec des étoiles filantes. Un peu gros ? Ah, si vous saviez !…

En tout cas, même si vous ne croyez pas à l’esprit d’Halloween, autant dire que le monde de l’esprit continue son petit bout de chemin et que si c’est la période la plus chargée, la plus propice pour l’apparition des fantômes, si vous n’en avez pas encore vu - sûrement parce que la majorité en profite pour s’amuser en “comité fantomatique” - votre tour viendra bien un jour ou l’autre dans l’année, ou une autre. Si je vous en parle avec autant d’assurance, c’est tout simplement que le mien est déjà venu, et revient chaque année en la personne de Louis ! Il ne devrait d’ailleurs pas tarder !


vendredi, mars 10 2006

La valse à quatre Temps (petit conte poétique)


La valse à quatre Temps


Il y a très, très, très longtemps, alors que les terres étaient à peines émergées, Gaia, s’ennuyant avant d’achever ses créations, parcourait de long en large sa chambrée.

Le jour, elle sentait la fleur céleste de ses crins chatoyants la caresser d’une douce aubade. La nuit, l’oriflamme des cieux dansait avec elle, le silence n’était pas, en elle la chamade. Mais elle ne savait que faire de tout ce qui était à sa portée, le dessin que lui réservait les dieux…

Un jour, elle alla voir ce bon monsieur Temps afin d’éclaircir son éternité.

Celui-ci, dans sa suite douillette, méditait depuis bientôt, oh !… depuis la nuit de la nuit. Il s’était gavé dans la source originelle, empiffré de tablettes de big-bang et d’expansion à en faire des trous noirs, comme une souris fromagère qui fait avec soin son gruyère. Sa position n’était pour autant pas si confortable que cela puisqu’elle l’avait emplie de solitude sans vie ; à quoi bon tant d’infini s’il n’est pas partagé ? Faire le tour de l’univers sans se perdre ? Ainsi, lorsque la dame toute nature vint secouer le sablier de sa porte, il en fut tout émoustillé. D’autant plus lorsqu’il aperçut la visiteuse après s’être changé et quelques grains avoir enlevé. Il la fit entrer, la salua d’une pluie printanière, lui fit visiter de sa demeure les méandres. Ils entamèrent ensuite la discussion autour de leur fonction, leur destinée, leur préoccupation. Et Gaia arriva au vif du sujet, le pourquoi de sa venue. Le Temps comprit de sa visiteuse la déconvenue. Pris de compassion, il l’invita à danser pour se changer les idées, lui promettant de trouver solution.

Le Temps : « Venez danser ma dame, les fées filantes joueront pour nous la symphonie de la nuit des temps. Je vous emmènerai valser jusqu’à votre ronde où, si envie vous avez, nous mettrons pensées à nu. »

Gaia : « Mon Âme-Temps, vous m’envoyez devenir verte d’autant de prévenance, à en faire frémir mon sang. Je ne puis qu’accepter, et je vous montrerai les atours et intérieurs de la planète qui fait mon sens.»

Le Temps et Gaia s’en allèrent aussitôt, enlacés l’un à l’autre. Pour leur rendre hommage, le cristal de feu à leur venue, pris par les envolées de la mélopée, monta plus haut et les fit baigner dans sa lumière. Les nuages se mirent tantôt à gronder, tantôt à s’évaporer en rythme mordoré. Le vent se fit brise et tempête. La Vie, amie et enfant de la Dame qui était arrivée et avait posé ses bagages, s’accommoda avec la terre…

Puis, pour laisser intimité à la valse des deux joyeux enlacés, avec des notes plus tempérées, les cieux se couvrirent, la fleur se courba pour aller au lieu où elle ne les dérangerait. Fille, qui toujours s’agitait, se prépara avec son cortège à s’assoupir : les feuilles tombèrent pour préparer leur couche. En quête de chatoiements, des oiseaux s’envolèrent vers un ailleurs, les draps de chacun en harmonie furent dépliés. Quand la musique se fit murmure, prête à s’éteindre, Temps enlaça la Dame, l’embrassa de son entier avec ciel. Elle lui répondit en accord et, né de l’immensité de leur plaisir de s’être trouvés, des anges de cristal vinrent, les recouvrant d’un manteau d’hermine afin qu’ils puissent jouir de leur plaisir en totale impunité, pour que dieux n’aient à mot dire, à jalouser. Vie avait fait Hommes, des arbres devenus chaumières. Ils rentrèrent, frêles rendus face aux actions de la toute jeune température qui, pour faire vivre l’immobilité, s’était assoupie loin de leur feu.

Quand nos deux amants universels eurent consommé leur bonheur, du grain s’écoulant, les fées firent rejaillir la symphonie, Gaia se changea pour mettre un manteau de verdure, sa fille Vie fit des bourgeons, le Temps revint en sa suite pour admirer tout le travail des astres de la nuit et du jour qui y découvrir leur passion…

Depuis ce moment circulaire où le sablier a fait faire un tour à la terre, Gaia et le Temps ne cessent de s’offrir cette escapade, cortège de se fondre en la symphonie et notre Dame, guillerette en sa chambre, d’arborer un grand sourire…

~ Pascal Lamachère - Septembre 2002 ~

p.s : en petit délire, je me suis amusé à essayer de “réciter” le conte il y a quelques jours. Je l’ai fait à la va vite, c’est fait maison en trèès amateur, mais si vous avez la curiosité d’écouter à quoi ressemble ma voix tout en écoutant l’interpréation improvisée de La valse à quatre Temps, cliquez ici.

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