/ JdP /PRES­CRIP­TEUR


photo plume

Une rose d’hiver


Ins­piré par :


http://www.lejour­nal­de­per­sonne.com/2013/07/la-can­tate-de-per­sonne/

Une fin de jour­née d’hiver, un feu s’allonge sur la glace d’une rivière…
Par quel­ques cré­pi­te­ments, il mur­mure au ciel som­bre, pen­dant que tombe du sable blanc :

« Qu’il est si dur d’aimer
Quand on ne peut par­ta­ger
Le cœur du ciel tout entier,
Garde enfoui du sacré. »

L’air ne résonna pas, nulle réponse, si ce n’est… La glace qui se mit à trem­bler, jusqu’à se faire enten­dre.

La glace : « Vous fai­tes point de fusion,
Êtes-vous en com­bus­tion ?
Est-ce ainsi être amour ? »

Le feu : « Il y en a de tou­tes les sor­tes,
Mais tou­tes ont en com­mun de pou­voir 
Faire cou­ler lar­mes, de l’ombre au séjour.
Quoi­que cela ne soit pas de sa porte,
Pas tou­jours du fait, en soi, du miroir,
Du sen­ti­ment pou­vant val­ser mor­tes.
Plus d’autres qui l’ouvrent et s’y mêlent,
Font chauf­fer bouillon avec bouts d’ailes,
For­ment une bien étrange cohorte
Qui s’en vont fort com­pres­ser la source,
En tirer la sub­stance des lar­mes. »

La glace : « Qu’est-ce que c’est que lar­mes ? »

Le feu : « Les lar­mes, un peu comme de la mousse,
Des paro­les de la lumière en soi,
Qui vien­nent des pro­fon­deurs pour signal,
Si je puis arri­ver à l’écou­ter.
Elles par­lent au cœur qui écoute la loi,
Mur­mu­rent au monde incarné un mal,
Sou­pirs désin­car­nés qui vont tom­ber
En grim­pant la mon­ta­gne con­sa­crée.
Elles sont un peu comme un jar­din secret
Qui pousse der­rière les pages noi­res. »

La glace : « Alors, ça peut faire mal ? »

Le feu : «  Mon amour, des lar­mes de sang a fait cou­ler,
M’a par­tagé entre la joie d’or et l’espoir,
Entre un hori­zon sans orage et un dédale. »

La glace : « Cepen­dant, votre flamme est encore très forte.
Était-elle comme de la lave, ou la mousse 
Ne l’a-t-elle pas apai­sée… D’autres escor­tes ? 
Pen­dant que nous par­lons, je sens des secous­ses !
Une alarme qui me dit que ma fin appro­che ! »

Le feu : « Vous m’en voyez désolé.
Je n’arrive à m’apai­ser,
Juste un peu, par­fois, fan­to­che
D’un vol­can qui est vol­can. »

La glace : « Vous allez vous enfon­cer ?!
Nous ris­quons ainsi tout deux
Pas­ser sous larme du temps. »

Le feu : « Qu’ainsi réa­li­sée,
Pas­sion aura senti cieux,
Car sans, je ne suis rien,
Juste un trait perdu au loin. »

Une soi­rée d’hiver, des mur­mu­res se per­di­rent entre les abî­mes et les cimes.

Au petit matin, un pro­me­neur trouva une sta­lag­mite écar­late en forme de rose au milieu de la rivière.


Con­tes à l’Insou­mise


Ins­piré par :


http://www.lejour­nal­de­per­sonne.com/2013/06/lin­sou­mise/

« Déca­pi­ter ? Gloups… »

Un sol­dat se tourna vers le puits sans fond don­nant sur un ténu filet de lumière.

« Vous avez entendu ? ô capi­taine, mon capi­taine, que pou­vons-nous faire ? »

Point de réponse. Le sol­dat pani­qua quel­que peu.

« Euh… ô gar­dienne du châ­teau des muses, fée du cer­cle des mots dits, enchan­te­resse du bal­con des étoi­les,

A l’heure où la hache tour­noie, où le tran­chant pointe le bout du trait, telle la lune dans la nuit qui pro­vo­que les marées,

Laisse-moi te con­ter l’his­toire de la pierre voya­geuse, qui s’élance vers le bout du bout du monde, et tombe sur une ange, du moins sa malle !

Alors, alors… Il était une fois une pierre voya­geuse qui s’élança vers le bout du bout du monde, mais tomba sur une malle por­tée ! Et voilà ! Tadam !

Euh… Non, atten­dez, pas la déca­pi­ta­tion … Euh, ô capi­taine, mon capi­taine ?! »

Tou­jours pas de réponse, si ce n’est… Cette fois, le filet de lumière s’éva­pora, lais­sant place à une étrange brume phos­pho­res­cente qui remonta, remonta, sor­tit du puits et assom­brit le pay­sage tout en lui don­nant une tou­che de cou­cher de soleil tamisé.

La voix du sol­dat se fit enten­dre tel un écho, un peu plus modu­lée :

« Ô ! fleur de feu,

Il était une fois, dans un vol­can sous-marin, l’ombre de créa­tu­res oubliées depuis la nuit des temps.

La lumière de leur être se cachait dans l’abysse des abys­ses.

Tou­tes s’en por­taient bien ainsi, pou­vant dan­ser, nager, sans être inquié­tées par les créa­tu­res d’en haut.

Un jour de plein été, à l’heure où les nua­ges gron­dent, où l’air est mitraillé des éclats de l’airain céleste, une gigan­tes­que pierre issue de la nuit des temps som­bra, s’engouf­fra en direc­tion du vol­can. Des pois­sons et des mam­mi­fè­res marins ne purent rien faire à son pas­sage, d’autres eurent le temps de quit­ter le point d’impact.

Il était une fois, un vol­can sous-marin à la crête ouverte.

La pierre fut arrê­tée, ne fit pas de dégâts parmi les créa­tu­res du vol­can sous-marin, leur châ­teau encore intact. Mais bien­tôt l’eau salée et l’eau de feu se ren­con­trè­rent, sui­vit une réac­tion en chaîne, et les ombres devin­rent vivan­tes, et les vivan­tes furent mises en dan­ger par le chaos ambiant.

Des requins pré­his­to­ri­ques, nés dans la nuit de l’océan, sor­ti­rent à ce moment vers ce jour de flamme.

Il était une fois un jour de flamme dans une nuit de lumière.

Sans l’envoyée des anges du ciel, une sirène, cette his­toire se serait arrê­tée là, dans une fin sinis­tre pour les créa­tu­res sans défense face aux élé­ments déchaî­nés.

Il était une fois une envoyée des anges du ciel, une sirène munit du scep­tre des 5 élé­ments.

Après avoir agité son scep­tre, la sirène poussa un cri défiant tout bruit et tout silence. Une étrange lumière jaillit de sa bou­che jusqu’à l’abysse des abys­ses, éloi­gnant les requins, enro­bant d’un voile pro­tec­teur cha­que être des créa­tu­res oubliées afin qu’elles puis­sent rega­gner leur pro­fon­deur sans être plus bles­sées, sépa­rant l’eau de feu et l’eau salée, dis­sol­vant la pierre issue de la nuit des temps, y for­geant un nou­veau dôme pour le vol­can sous-marin. Aus­si­tôt fait, l’envoyée rega­gna son poste de vigile de la Loi du Ciel.

Il était une fois plu­sieurs mon­des sau­vés. »

Ces der­niers mots expri­més, la brume s’éva­pora, lais­sant un sol­dat per­plexe, mais pas trop mécon­tent.

« Alors ?! A vous de déci­der du sort qui sera réservé ! »

Et c’est ainsi qu’un cou­pe­ret tomba, à côté, jusqu’à une pro­chaine fois ?!

*     *     *     *     *     *     * 


Une belle nuit d’été, rien ne sor­tit de la bou­che du capi­taine. Le sol­dat pani­qua quel­que peu lorsqu’il vit l’ins­tant fati­di­que appro­cher et la grande Shah­ryare s’impa­tien­ter. Il mar­cha à pas rapi­des sur les rem­parts, posant tour à tour ses yeux sur l’hori­zon obs­cur de l’océan silen­cieux et celui de vagues remuan­tes, et sur le cou­pe­ret dans la cours.

Sou­dain, alors que ses pau­piè­res se fai­saient lour­des, il eut une idée ! Il cou­rut jus­que dans une cham­brée, sor­tit un par­che­min et alla voir la gente dame au tran­chant ferme.

Si vous me le per­met­tez, ô insa­tia­ble Shah­ryare, insou­mise parmi les insou­mi­ses, je res­sors un texte de cir­cons­tance pour cette fin de nuit :

« Avant d’aller dor­mir ou mou­rir

Avant d’aller dor­mir ou mou­rir,
Rejoin­dre la lumière du dehors
Par les ombres du dedans,
J’aurais voulu vous dire,
J’aurais voulu con­ter stel­laire flore,
J’aurais voulu dans l’élan,
Au creux des mots tami­sés,
Les légen­des d’aujourd’hui vous dévoi­ler…

Avant d’aller dor­mir ou mou­rir,
J’aurais voulu aller au bout de mes aven­tu­res
Mais la plume d’esprit a « tiqué »,
Les héros se sont mis à fré­mir,
Se sont faits à con­tre pau­pière le mur
Et mon cœur s’est mis à cour­ser
Le sable du mar­chand en vue d’offrir
Une fin des temps aux faux mobi­les…

Avant d’aller dor­mir ou mou­rir,
Rejoin­dre la pénom­bre qui oscille,
J’aurais voulu pou­voir la dire,
La beauté de vie en mots à par­ta­ger,
La beauté de la faran­dole des par­che­mins liés,
Ceux qui ont été
A nos riva­ges semés…

Avant d’aller dor­mir ou mou­rir,
J’aurais voulu pou­voir com­po­ser,
En une courte envo­lée, en quel­ques vers,
L’his­toire des mon­ta­gnes sai­sir
Des abî­mes, des cieux gri­sés,
Par­ler des maux de la terre,
Mais une muse a voulu savou­rer
Et sur la page ces lignes a « sai­gné »…

Pour l’indi­ci­ble, repos n’est pas une trêve,
L’éveil en est la sève,
Les volets clos en sont la grève,
Alors je vous sou­haite doux rêves…

Et main­te­nant, la tête repo­sée,
Je peux aller dor­mir ou mou­rir, même si la mutine
Con­ti­nue, dans les recoins, lumière à poin­ter,
Mur­mu­rant ses mots, agi­tant en songe sa mine… »


Le réci­ta­teur déglu­tit, espé­rant avoir échappé une nou­velle fois au cou­pe­ret.

*     *     *     *     *     *     * 


Alors qu’il était dans la cours, à gam­ba­der sur les vagues impal­pa­bles, près du cou­pe­ret, une fin de jour­née, au temps des falai­ses du cré­pus­cule, le sol­dat fut inter­pellé par un capi­taine : « Si vous êtes prêt, c’est à votre tour ! »

Le sol­dat fit un signe d’enten­de­ment et se leva, prit une grande ins­pi­ra­tion et se ren­dit à pas rapi­des dans la salle des mille et une his­toi­res. Il eut un mélange d’appré­hen­sion et de joie. Mais alors qu’il fran­chit le seuil, une lumière vio­lette cré­pus­cu­laire illu­mina son regard, et il s’arrêta un ins­tant.

L’Insou­mise Shah­ryare : « Eh bien ?! J’attends ! Que fai­tes-vous donc planté là ? Si vous vou­lez direc­te­ment aller au cou­pe­ret, libre à vous ! »

Le sol­dat baissa les yeux : « Ô gente Shah­ryare, oreille atten­tive, cro­queuse de con­tes, muse d’Athéna… »

L’Insou­mise Shah­ryare : « Muse d’Athéna ? Vrai­ment ? »

Le sol­dat releva les yeux, avec un air légè­re­ment con­trit, puis laissa s’échap­per un petit rire en haus­sant les épau­les : « Oui, vrai­ment ! »

Il alla s’assoir sur le cous­sin du con­teur, devant le trône.

Le con­teur : « Ce soir, je vais vous racon­ter l’his­toire du capi­taine qui se pre­nait pour un sol­dat… Mais si ça ne vous plait pas, plu­tôt que de me faire cou­per la tête, j’opte­rai pour le déshon­neur en m’enfuyant ! »

L’Insou­mise Shah­ryare : « Oh oh ! Vous voilà bien opti­miste ! Je suis peut-être réel­le­ment muse d’Athéna ? En tout cas, vous le décou­vri­rez si jamais vous essayez de fuir ! »

Le con­teur : « Vous voilà bien opti­miste ! »

L’Insou­mise Shah­ryare : « Imper­ti­nent ! »

Le con­teur : « Per­ti­nent ! Je cours vite et j’ai déjà mon plan, mais… »

L’Insou­mise Shah­ryare : « Je pour­rais deman­der à l’ins­tant à ce que la porte de cette salle soit fer­mée et les fenê­tres gar­dées ! »

Le con­teur : « J’ai des com­pli­ces ! »

L’Insou­mise Shah­ryare : « Vous bluf­fez ! »

Le con­teur : « Euh… Oui, bon, je ne sais pas vous men­tir ! Tou­jours est-il que… Euh… ça sem­blait une bonne idée au départ, en fait… Bref ! De tou­tes les façons, je vous aime bien, et je n’ai pas l’inten­tion de fuir ! Et puis même si mon his­toire est courte, je pense qu’elle devrait m’évi­ter de pas­ser l’arme sous terre ! »

L’Insou­mise Shah­ryare : « Merci de m’en lais­ser juger ! »

Le con­teur se lança : « Lors d’un nou­veau jour nais­sant,
en fin d’hiver, au fri­mas,
un capi­taine sorti,
prêt à bra­ver tous les temps.
Il fut seul, sans ses sol­dats,
vou­lant met­tre que sa vie
en jeu dans les cou­tu­mes
à exé­cu­ter tou­jours.
Quand à l’une il s’apprê­tait,
sur la rive de l’écume
des étoi­les du gel lourd,
il vit un vieillard tom­ber.
Tou­ché par la vue de faux,
il tituba, s’arrêta,
à cet ins­tant, des sor­ciers
du grand pays des cents flots,
élu­rent de plan­ter mats,
de pos­sé­der les êtres
devant ses yeux immo­bi­les.
Mais ils ne furent maî­tres
qu’un bat­te­ment qui cille,
un moment de fai­blesse.
Pas assez pour l’empor­ter,
assez pour qu’aucun gagne,
tous vivent l’ins­tant tris­tesse :
mages noirs dépos­sé­dés,
échap­pant de peu au bagne ;
capi­taine sans mémoire,
se pre­nant pour un sol­dat. »


L’Insou­mise Shah­ryare : « Euh… Com­ment s’en est-il sorti ? Seul con­tre des mages ? C’est pas un peu abusé ?! »

Le con­teur : « J’ai pas fini ! Enfin, j’ai pas abordé le com­ment, pour lais­ser votre ima­gi­na­tion déci­der ! Voyez comme je suis géné­reux ! Mais dans mon his­toire, il avait quel­ques pou­voirs, un capi­taine des mages blancs ! et puis il a été aidé par d’autres, aler­tés par la bataille ! »

L’Insou­mise Shah­ryare : « Hu hu ! Bon, soit ! Finis­sez ! »

Le con­teur : « Depuis lors, les siens eurent beau
lui rafrai­chir, sans espoir
devant son man­que de foi.
Il erra ainsi, ser­vant
sans cher­cher à com­man­der,
sans met­tre non plus élan,
jusqu’à l’illu­mi­na­tion
de sour­ces à pro­té­ger,
vue de cieux en créa­tions,
tels ceux d’une Shah­ryare
et de sa suite aux his­toi­res. »


L’Insou­mise Shah­ryare : « Bon ! Vous pou­vez dis­po­ser pour ce soir ! Allez me cher­cher le sui­vant ! »

Le con­teur s’inclina, adressa un franc sou­rire à Shah­ryare et s’exé­cuta.

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Autre suite sur : Pro­ject Chaos : http://www.lejour­nal­de­per­sonne.com/2013/08/pro­ject-chaos-pas­cal-lama­chere/

Autre conte à lire : His­toire d’une créa­tionhttp://www.lejour­nal­de­per­sonne.com/2013/08/ana­lyse-lit­te­raire-de-123-soleil-pas­cal/

D’autres poè­mes et con­tes à lire sur : http://fr.groups.yahoo.com/group/coeur­ro­man­ti­que/mes­sage/244

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