Blog littéraire, artistique de Pascal Lamachère

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Balise - conte poétique

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vendredi, septembre 13 2013

Il était une fois des contes


/ JdP /PRES­CRIP­TEUR


photo plume

Une rose d’hiver


Ins­piré par :


http://www.lejour­nal­de­per­sonne.com/2013/07/la-can­tate-de-per­sonne/

Une fin de jour­née d’hiver, un feu s’allonge sur la glace d’une rivière…
Par quel­ques cré­pi­te­ments, il mur­mure au ciel som­bre, pen­dant que tombe du sable blanc :

« Qu’il est si dur d’aimer
Quand on ne peut par­ta­ger
Le cœur du ciel tout entier,
Garde enfoui du sacré. »

L’air ne résonna pas, nulle réponse, si ce n’est… La glace qui se mit à trem­bler, jusqu’à se faire enten­dre.

La glace : « Vous fai­tes point de fusion,
Êtes-vous en com­bus­tion ?
Est-ce ainsi être amour ? »

Le feu : « Il y en a de tou­tes les sor­tes,
Mais tou­tes ont en com­mun de pou­voir 
Faire cou­ler lar­mes, de l’ombre au séjour.
Quoi­que cela ne soit pas de sa porte,
Pas tou­jours du fait, en soi, du miroir,
Du sen­ti­ment pou­vant val­ser mor­tes.
Plus d’autres qui l’ouvrent et s’y mêlent,
Font chauf­fer bouillon avec bouts d’ailes,
For­ment une bien étrange cohorte
Qui s’en vont fort com­pres­ser la source,
En tirer la sub­stance des lar­mes. »

La glace : « Qu’est-ce que c’est que lar­mes ? »

Le feu : « Les lar­mes, un peu comme de la mousse,
Des paro­les de la lumière en soi,
Qui vien­nent des pro­fon­deurs pour signal,
Si je puis arri­ver à l’écou­ter.
Elles par­lent au cœur qui écoute la loi,
Mur­mu­rent au monde incarné un mal,
Sou­pirs désin­car­nés qui vont tom­ber
En grim­pant la mon­ta­gne con­sa­crée.
Elles sont un peu comme un jar­din secret
Qui pousse der­rière les pages noi­res. »

La glace : « Alors, ça peut faire mal ? »

Le feu : «  Mon amour, des lar­mes de sang a fait cou­ler,
M’a par­tagé entre la joie d’or et l’espoir,
Entre un hori­zon sans orage et un dédale. »

La glace : « Cepen­dant, votre flamme est encore très forte.
Était-elle comme de la lave, ou la mousse 
Ne l’a-t-elle pas apai­sée… D’autres escor­tes ? 
Pen­dant que nous par­lons, je sens des secous­ses !
Une alarme qui me dit que ma fin appro­che ! »

Le feu : « Vous m’en voyez désolé.
Je n’arrive à m’apai­ser,
Juste un peu, par­fois, fan­to­che
D’un vol­can qui est vol­can. »

La glace : « Vous allez vous enfon­cer ?!
Nous ris­quons ainsi tout deux
Pas­ser sous larme du temps. »

Le feu : « Qu’ainsi réa­li­sée,
Pas­sion aura senti cieux,
Car sans, je ne suis rien,
Juste un trait perdu au loin. »

Une soi­rée d’hiver, des mur­mu­res se per­di­rent entre les abî­mes et les cimes.

Au petit matin, un pro­me­neur trouva une sta­lag­mite écar­late en forme de rose au milieu de la rivière.


Con­tes à l’Insou­mise


Ins­piré par :


http://www.lejour­nal­de­per­sonne.com/2013/06/lin­sou­mise/

« Déca­pi­ter ? Gloups… »

Un sol­dat se tourna vers le puits sans fond don­nant sur un ténu filet de lumière.

« Vous avez entendu ? ô capi­taine, mon capi­taine, que pou­vons-nous faire ? »

Point de réponse. Le sol­dat pani­qua quel­que peu.

« Euh… ô gar­dienne du châ­teau des muses, fée du cer­cle des mots dits, enchan­te­resse du bal­con des étoi­les,

A l’heure où la hache tour­noie, où le tran­chant pointe le bout du trait, telle la lune dans la nuit qui pro­vo­que les marées,

Laisse-moi te con­ter l’his­toire de la pierre voya­geuse, qui s’élance vers le bout du bout du monde, et tombe sur une ange, du moins sa malle !

Alors, alors… Il était une fois une pierre voya­geuse qui s’élança vers le bout du bout du monde, mais tomba sur une malle por­tée ! Et voilà ! Tadam !

Euh… Non, atten­dez, pas la déca­pi­ta­tion … Euh, ô capi­taine, mon capi­taine ?! »

Tou­jours pas de réponse, si ce n’est… Cette fois, le filet de lumière s’éva­pora, lais­sant place à une étrange brume phos­pho­res­cente qui remonta, remonta, sor­tit du puits et assom­brit le pay­sage tout en lui don­nant une tou­che de cou­cher de soleil tamisé.

La voix du sol­dat se fit enten­dre tel un écho, un peu plus modu­lée :

« Ô ! fleur de feu,

Il était une fois, dans un vol­can sous-marin, l’ombre de créa­tu­res oubliées depuis la nuit des temps.

La lumière de leur être se cachait dans l’abysse des abys­ses.

Tou­tes s’en por­taient bien ainsi, pou­vant dan­ser, nager, sans être inquié­tées par les créa­tu­res d’en haut.

Un jour de plein été, à l’heure où les nua­ges gron­dent, où l’air est mitraillé des éclats de l’airain céleste, une gigan­tes­que pierre issue de la nuit des temps som­bra, s’engouf­fra en direc­tion du vol­can. Des pois­sons et des mam­mi­fè­res marins ne purent rien faire à son pas­sage, d’autres eurent le temps de quit­ter le point d’impact.

Il était une fois, un vol­can sous-marin à la crête ouverte.

La pierre fut arrê­tée, ne fit pas de dégâts parmi les créa­tu­res du vol­can sous-marin, leur châ­teau encore intact. Mais bien­tôt l’eau salée et l’eau de feu se ren­con­trè­rent, sui­vit une réac­tion en chaîne, et les ombres devin­rent vivan­tes, et les vivan­tes furent mises en dan­ger par le chaos ambiant.

Des requins pré­his­to­ri­ques, nés dans la nuit de l’océan, sor­ti­rent à ce moment vers ce jour de flamme.

Il était une fois un jour de flamme dans une nuit de lumière.

Sans l’envoyée des anges du ciel, une sirène, cette his­toire se serait arrê­tée là, dans une fin sinis­tre pour les créa­tu­res sans défense face aux élé­ments déchaî­nés.

Il était une fois une envoyée des anges du ciel, une sirène munit du scep­tre des 5 élé­ments.

Après avoir agité son scep­tre, la sirène poussa un cri défiant tout bruit et tout silence. Une étrange lumière jaillit de sa bou­che jusqu’à l’abysse des abys­ses, éloi­gnant les requins, enro­bant d’un voile pro­tec­teur cha­que être des créa­tu­res oubliées afin qu’elles puis­sent rega­gner leur pro­fon­deur sans être plus bles­sées, sépa­rant l’eau de feu et l’eau salée, dis­sol­vant la pierre issue de la nuit des temps, y for­geant un nou­veau dôme pour le vol­can sous-marin. Aus­si­tôt fait, l’envoyée rega­gna son poste de vigile de la Loi du Ciel.

Il était une fois plu­sieurs mon­des sau­vés. »

Ces der­niers mots expri­més, la brume s’éva­pora, lais­sant un sol­dat per­plexe, mais pas trop mécon­tent.

« Alors ?! A vous de déci­der du sort qui sera réservé ! »

Et c’est ainsi qu’un cou­pe­ret tomba, à côté, jusqu’à une pro­chaine fois ?!

*     *     *     *     *     *     * 


Une belle nuit d’été, rien ne sor­tit de la bou­che du capi­taine. Le sol­dat pani­qua quel­que peu lorsqu’il vit l’ins­tant fati­di­que appro­cher et la grande Shah­ryare s’impa­tien­ter. Il mar­cha à pas rapi­des sur les rem­parts, posant tour à tour ses yeux sur l’hori­zon obs­cur de l’océan silen­cieux et celui de vagues remuan­tes, et sur le cou­pe­ret dans la cours.

Sou­dain, alors que ses pau­piè­res se fai­saient lour­des, il eut une idée ! Il cou­rut jus­que dans une cham­brée, sor­tit un par­che­min et alla voir la gente dame au tran­chant ferme.

Si vous me le per­met­tez, ô insa­tia­ble Shah­ryare, insou­mise parmi les insou­mi­ses, je res­sors un texte de cir­cons­tance pour cette fin de nuit :

« Avant d’aller dor­mir ou mou­rir

Avant d’aller dor­mir ou mou­rir,
Rejoin­dre la lumière du dehors
Par les ombres du dedans,
J’aurais voulu vous dire,
J’aurais voulu con­ter stel­laire flore,
J’aurais voulu dans l’élan,
Au creux des mots tami­sés,
Les légen­des d’aujourd’hui vous dévoi­ler…

Avant d’aller dor­mir ou mou­rir,
J’aurais voulu aller au bout de mes aven­tu­res
Mais la plume d’esprit a « tiqué »,
Les héros se sont mis à fré­mir,
Se sont faits à con­tre pau­pière le mur
Et mon cœur s’est mis à cour­ser
Le sable du mar­chand en vue d’offrir
Une fin des temps aux faux mobi­les…

Avant d’aller dor­mir ou mou­rir,
Rejoin­dre la pénom­bre qui oscille,
J’aurais voulu pou­voir la dire,
La beauté de vie en mots à par­ta­ger,
La beauté de la faran­dole des par­che­mins liés,
Ceux qui ont été
A nos riva­ges semés…

Avant d’aller dor­mir ou mou­rir,
J’aurais voulu pou­voir com­po­ser,
En une courte envo­lée, en quel­ques vers,
L’his­toire des mon­ta­gnes sai­sir
Des abî­mes, des cieux gri­sés,
Par­ler des maux de la terre,
Mais une muse a voulu savou­rer
Et sur la page ces lignes a « sai­gné »…

Pour l’indi­ci­ble, repos n’est pas une trêve,
L’éveil en est la sève,
Les volets clos en sont la grève,
Alors je vous sou­haite doux rêves…

Et main­te­nant, la tête repo­sée,
Je peux aller dor­mir ou mou­rir, même si la mutine
Con­ti­nue, dans les recoins, lumière à poin­ter,
Mur­mu­rant ses mots, agi­tant en songe sa mine… »


Le réci­ta­teur déglu­tit, espé­rant avoir échappé une nou­velle fois au cou­pe­ret.

*     *     *     *     *     *     * 


Alors qu’il était dans la cours, à gam­ba­der sur les vagues impal­pa­bles, près du cou­pe­ret, une fin de jour­née, au temps des falai­ses du cré­pus­cule, le sol­dat fut inter­pellé par un capi­taine : « Si vous êtes prêt, c’est à votre tour ! »

Le sol­dat fit un signe d’enten­de­ment et se leva, prit une grande ins­pi­ra­tion et se ren­dit à pas rapi­des dans la salle des mille et une his­toi­res. Il eut un mélange d’appré­hen­sion et de joie. Mais alors qu’il fran­chit le seuil, une lumière vio­lette cré­pus­cu­laire illu­mina son regard, et il s’arrêta un ins­tant.

L’Insou­mise Shah­ryare : « Eh bien ?! J’attends ! Que fai­tes-vous donc planté là ? Si vous vou­lez direc­te­ment aller au cou­pe­ret, libre à vous ! »

Le sol­dat baissa les yeux : « Ô gente Shah­ryare, oreille atten­tive, cro­queuse de con­tes, muse d’Athéna… »

L’Insou­mise Shah­ryare : « Muse d’Athéna ? Vrai­ment ? »

Le sol­dat releva les yeux, avec un air légè­re­ment con­trit, puis laissa s’échap­per un petit rire en haus­sant les épau­les : « Oui, vrai­ment ! »

Il alla s’assoir sur le cous­sin du con­teur, devant le trône.

Le con­teur : « Ce soir, je vais vous racon­ter l’his­toire du capi­taine qui se pre­nait pour un sol­dat… Mais si ça ne vous plait pas, plu­tôt que de me faire cou­per la tête, j’opte­rai pour le déshon­neur en m’enfuyant ! »

L’Insou­mise Shah­ryare : « Oh oh ! Vous voilà bien opti­miste ! Je suis peut-être réel­le­ment muse d’Athéna ? En tout cas, vous le décou­vri­rez si jamais vous essayez de fuir ! »

Le con­teur : « Vous voilà bien opti­miste ! »

L’Insou­mise Shah­ryare : « Imper­ti­nent ! »

Le con­teur : « Per­ti­nent ! Je cours vite et j’ai déjà mon plan, mais… »

L’Insou­mise Shah­ryare : « Je pour­rais deman­der à l’ins­tant à ce que la porte de cette salle soit fer­mée et les fenê­tres gar­dées ! »

Le con­teur : « J’ai des com­pli­ces ! »

L’Insou­mise Shah­ryare : « Vous bluf­fez ! »

Le con­teur : « Euh… Oui, bon, je ne sais pas vous men­tir ! Tou­jours est-il que… Euh… ça sem­blait une bonne idée au départ, en fait… Bref ! De tou­tes les façons, je vous aime bien, et je n’ai pas l’inten­tion de fuir ! Et puis même si mon his­toire est courte, je pense qu’elle devrait m’évi­ter de pas­ser l’arme sous terre ! »

L’Insou­mise Shah­ryare : « Merci de m’en lais­ser juger ! »

Le con­teur se lança : « Lors d’un nou­veau jour nais­sant,
en fin d’hiver, au fri­mas,
un capi­taine sorti,
prêt à bra­ver tous les temps.
Il fut seul, sans ses sol­dats,
vou­lant met­tre que sa vie
en jeu dans les cou­tu­mes
à exé­cu­ter tou­jours.
Quand à l’une il s’apprê­tait,
sur la rive de l’écume
des étoi­les du gel lourd,
il vit un vieillard tom­ber.
Tou­ché par la vue de faux,
il tituba, s’arrêta,
à cet ins­tant, des sor­ciers
du grand pays des cents flots,
élu­rent de plan­ter mats,
de pos­sé­der les êtres
devant ses yeux immo­bi­les.
Mais ils ne furent maî­tres
qu’un bat­te­ment qui cille,
un moment de fai­blesse.
Pas assez pour l’empor­ter,
assez pour qu’aucun gagne,
tous vivent l’ins­tant tris­tesse :
mages noirs dépos­sé­dés,
échap­pant de peu au bagne ;
capi­taine sans mémoire,
se pre­nant pour un sol­dat. »


L’Insou­mise Shah­ryare : « Euh… Com­ment s’en est-il sorti ? Seul con­tre des mages ? C’est pas un peu abusé ?! »

Le con­teur : « J’ai pas fini ! Enfin, j’ai pas abordé le com­ment, pour lais­ser votre ima­gi­na­tion déci­der ! Voyez comme je suis géné­reux ! Mais dans mon his­toire, il avait quel­ques pou­voirs, un capi­taine des mages blancs ! et puis il a été aidé par d’autres, aler­tés par la bataille ! »

L’Insou­mise Shah­ryare : « Hu hu ! Bon, soit ! Finis­sez ! »

Le con­teur : « Depuis lors, les siens eurent beau
lui rafrai­chir, sans espoir
devant son man­que de foi.
Il erra ainsi, ser­vant
sans cher­cher à com­man­der,
sans met­tre non plus élan,
jusqu’à l’illu­mi­na­tion
de sour­ces à pro­té­ger,
vue de cieux en créa­tions,
tels ceux d’une Shah­ryare
et de sa suite aux his­toi­res. »


L’Insou­mise Shah­ryare : « Bon ! Vous pou­vez dis­po­ser pour ce soir ! Allez me cher­cher le sui­vant ! »

Le con­teur s’inclina, adressa un franc sou­rire à Shah­ryare et s’exé­cuta.

Suite en cli­quant ici

Autre suite sur : Pro­ject Chaos : http://www.lejour­nal­de­per­sonne.com/2013/08/pro­ject-chaos-pas­cal-lama­chere/

Autre conte à lire : His­toire d’une créa­tionhttp://www.lejour­nal­de­per­sonne.com/2013/08/ana­lyse-lit­te­raire-de-123-soleil-pas­cal/

D’autres poè­mes et con­tes à lire sur : http://fr.groups.yahoo.com/group/coeur­ro­man­ti­que/mes­sage/244

Pour décou­vrir les der­niè­res créa­tions, les der­niers billets-vidéos de “Per­sonne”, du Jour­nal de Per­sonne (con­cept d’info-scé­na­rio, perle artis­ti­que à ne pas man­quer, à médi­ter, par­ta­ger), sui­vez la piste sur : http://www.lejour­nal­de­per­sonne.com/cate­gory/jour­nal/

jeudi, mars 21 2013

Bouteille à la mer - Il était deux fois la Révolution

/ JdP /PRES­CRIP­TEUR

Un être mar­chait en bord de mer, à l’heure de la nuit noire. La marée basse allu­mée par le voile de la pol­lu­tion lumi­neuse urbaine et par la dia­phane de l’uni­vers, sem­blait lui dévoi­ler un pay­sage apo­ca­lyp­ti­que. Il n’osa trop s’appro­cher de l’écume, bien que l’envie y était, lorsqu’un étrange éclat cylin­dri­que attira son atten­tion, un éclat de temps en temps recou­vert par les vagues, bou­geant un peu, pas tout à fait ancré dans le sable.

Il con­tem­pla l’objet quel­ques ins­tants, fas­ciné par ce qu’il décou­vrait, comme si il avait devant lui un tré­sor à la valeur indé­fi­nis­sa­ble : une bou­teille à la mer. Ces ins­tants pas­sés, il mit les pieds dans l’eau, la prit aux vagues qui sem­blaient vou­loir encore jouer avec, et s’en alla dans un lieu où il pour­rait lire la let­tre.



http://www.lejour­nal­de­per­sonne.com/2013/03/deux-fois-la-revo­lu­tion/


Une fois fait, il remit la bou­teille à la mer, et en atten­dant de met­tre en appli­ca­tion ce qui y a été écrit, il laissa les muses ver­ser des gout­tes de leur essence à ses oreilles…

Bou­teille à la mer.

Bou­teille à la mer
Lan­cée par volonté de fer,
Che­min vers les autres,
Affron­tera remous qui sont nôtres.

Les pieds dans le sable,
Bou­teille à la mer,
Regard sur l’hori­zon clair,
Le coeur tou­che l’inef­fa­ble.

L’âme sent la terre,
Hume, s’en impré­gne,
Bou­teille à la mer
Sur vagues qui sai­gnent.

Des mots, souf­fles de vies
Cou­chés sur papier de l’ère
Lancé au des­tin, son alchi­mie,
Bou­teille à la mer.

Bou­teille à la mer…

Ne res­tera let­tre morte,
Même si mau­vais sort l’emporte,
Car l’élan ne se perd,
Car son feu ne peut s’étein­dre en mer

Telle une expi­ra­tion dans le vide,
Un baume sur la misère ter­res­tre,
Un pont vers l’inconnu, son être,
Une nappe phréa­ti­que en terre aride

Appelle à dépas­ser ce qui nous intox’,
Nos afflic­tions ; à sor­tir de notre box,
Réu­nir l’indi­ci­ble et le con­cret ;
A ne pas, par vue, se lais­ser décou­ra­ger

A ouvrir la porte à l’incer­ti­tude,
Faire front, être prêt à tou­jours révo­lu­tion­ner,
A affron­ter tout ce qui nous est rude,
A se lais­ser voguer sur ce qui nous est étoilé…


* Pour décou­vrir les der­niè­res per­les, les der­niers billets-vidéos de “Per­sonne”, du Jour­nal de Per­sonne, sui­vez la piste avec vidéo, texte et com­men­tai­res : http://www.lejour­nal­de­per­sonne.com/cate­gory/jour­nal/
(et cli­quez sur les titres en rouge)
ou celle des vidéos : http://www.lejour­nal­de­per­sonne.com/you­tube/

* Des “arti­cles”, tex­tes que j’ai scri­bouillés (à pro­pos de poli­ti­que, de régime ali­men­taire végé­ta­rien…) et que je vous invite à lire : http://www.lejour­nal­de­per­sonne.com/cate­gory/pas­cal/

* Si vous vou­lez sou­te­nir l’ini­tia­tive « Coli­bris pour Gaza », cf : http://www.lejour­nal­de­per­sonne.com/2013/03/trois-pro­jets-pour-cette-annee-vin­cent-des­pres/

* Enfin, vous trou­ve­rez les der­niers arti­cles (his­toi­res enga­gées, points de vue poli­ti­que…) qu’elle a publiés, en plus des “billets vidéos”, depuis la page d’accueil et en remon­tant via “2, 3…” en bas de page : http://www.lejour­nal­de­per­sonne.com

vendredi, mars 10 2006

La valse à quatre Temps (petit conte poétique)


La valse à quatre Temps


Il y a très, très, très longtemps, alors que les terres étaient à peines émergées, Gaia, s’ennuyant avant d’achever ses créations, parcourait de long en large sa chambrée.

Le jour, elle sentait la fleur céleste de ses crins chatoyants la caresser d’une douce aubade. La nuit, l’oriflamme des cieux dansait avec elle, le silence n’était pas, en elle la chamade. Mais elle ne savait que faire de tout ce qui était à sa portée, le dessin que lui réservait les dieux…

Un jour, elle alla voir ce bon monsieur Temps afin d’éclaircir son éternité.

Celui-ci, dans sa suite douillette, méditait depuis bientôt, oh !… depuis la nuit de la nuit. Il s’était gavé dans la source originelle, empiffré de tablettes de big-bang et d’expansion à en faire des trous noirs, comme une souris fromagère qui fait avec soin son gruyère. Sa position n’était pour autant pas si confortable que cela puisqu’elle l’avait emplie de solitude sans vie ; à quoi bon tant d’infini s’il n’est pas partagé ? Faire le tour de l’univers sans se perdre ? Ainsi, lorsque la dame toute nature vint secouer le sablier de sa porte, il en fut tout émoustillé. D’autant plus lorsqu’il aperçut la visiteuse après s’être changé et quelques grains avoir enlevé. Il la fit entrer, la salua d’une pluie printanière, lui fit visiter de sa demeure les méandres. Ils entamèrent ensuite la discussion autour de leur fonction, leur destinée, leur préoccupation. Et Gaia arriva au vif du sujet, le pourquoi de sa venue. Le Temps comprit de sa visiteuse la déconvenue. Pris de compassion, il l’invita à danser pour se changer les idées, lui promettant de trouver solution.

Le Temps : « Venez danser ma dame, les fées filantes joueront pour nous la symphonie de la nuit des temps. Je vous emmènerai valser jusqu’à votre ronde où, si envie vous avez, nous mettrons pensées à nu. »

Gaia : « Mon Âme-Temps, vous m’envoyez devenir verte d’autant de prévenance, à en faire frémir mon sang. Je ne puis qu’accepter, et je vous montrerai les atours et intérieurs de la planète qui fait mon sens.»

Le Temps et Gaia s’en allèrent aussitôt, enlacés l’un à l’autre. Pour leur rendre hommage, le cristal de feu à leur venue, pris par les envolées de la mélopée, monta plus haut et les fit baigner dans sa lumière. Les nuages se mirent tantôt à gronder, tantôt à s’évaporer en rythme mordoré. Le vent se fit brise et tempête. La Vie, amie et enfant de la Dame qui était arrivée et avait posé ses bagages, s’accommoda avec la terre…

Puis, pour laisser intimité à la valse des deux joyeux enlacés, avec des notes plus tempérées, les cieux se couvrirent, la fleur se courba pour aller au lieu où elle ne les dérangerait. Fille, qui toujours s’agitait, se prépara avec son cortège à s’assoupir : les feuilles tombèrent pour préparer leur couche. En quête de chatoiements, des oiseaux s’envolèrent vers un ailleurs, les draps de chacun en harmonie furent dépliés. Quand la musique se fit murmure, prête à s’éteindre, Temps enlaça la Dame, l’embrassa de son entier avec ciel. Elle lui répondit en accord et, né de l’immensité de leur plaisir de s’être trouvés, des anges de cristal vinrent, les recouvrant d’un manteau d’hermine afin qu’ils puissent jouir de leur plaisir en totale impunité, pour que dieux n’aient à mot dire, à jalouser. Vie avait fait Hommes, des arbres devenus chaumières. Ils rentrèrent, frêles rendus face aux actions de la toute jeune température qui, pour faire vivre l’immobilité, s’était assoupie loin de leur feu.

Quand nos deux amants universels eurent consommé leur bonheur, du grain s’écoulant, les fées firent rejaillir la symphonie, Gaia se changea pour mettre un manteau de verdure, sa fille Vie fit des bourgeons, le Temps revint en sa suite pour admirer tout le travail des astres de la nuit et du jour qui y découvrir leur passion…

Depuis ce moment circulaire où le sablier a fait faire un tour à la terre, Gaia et le Temps ne cessent de s’offrir cette escapade, cortège de se fondre en la symphonie et notre Dame, guillerette en sa chambre, d’arborer un grand sourire…

~ Pascal Lamachère - Septembre 2002 ~

p.s : en petit délire, je me suis amusé à essayer de “réciter” le conte il y a quelques jours. Je l’ai fait à la va vite, c’est fait maison en trèès amateur, mais si vous avez la curiosité d’écouter à quoi ressemble ma voix tout en écoutant l’interpréation improvisée de La valse à quatre Temps, cliquez ici.

samedi, août 13 2005

Une histoire d’arbre entremetteur (conte poétisé)


Une histoire d’arbre entremetteur

Sur une grande île inexplorée, un grand mage vivait tout, tout en haut d’une immense montagne. On aurait dit qu’étaient son plancher les nuages. Dans son jardin, des fleurs rares et sauvages, un arbre dont l’écorce servait à faire des pagnes, semblait parfois pousser jusqu’aux étoiles, surtout lorsque la fleur de feu s’endormait et que les pâles lueurs amenaient leur voile.

De l’arbre, une branche s’allongeait, s’allongeait un peu, un peu plus chaque jour. Le mage se demandait jusqu’où celle-ci comptait aller… « Voulait-elle un tour de terre faire ? ». A cette pensée il souriait, se souvenant que l’intérieur de Gaïa réserve bien souvent des surprises issues de son « amour »… un grand sevrage qui de sève dépenser devait pour se préserver des crues de tout ce qu’elle avait à donner.

Un beau jour le mage ne distingua plus le bout de la branche, le titilla l’envie de s’y agripper et de voir Jusqu’où celle-ci était allée… qui sait Les trésors qu’il pourrait encore découvrir ? Pour ses écritures de magiques grimoires, beaucoup de son temps de chimère à se nourrir il avait passé, ne profitant que de peu de soirs pour humer tout ce qu’à lui s’offrait : même son jardin il avait finit par un peu négliger. Aussi, ce fut décidé, de côté sa Melpomène il allait mettre et à l’aventure il irait…

Alors qu’il s’était attaché de nombreuses potions, des parchemins, des filins pour s’assurer et la branche suivre avec son balai, il eut la grande surprise, en sortant de sa maisonnée, d’entrevoir en passion naissante l’ombre d’une inconnue, dont une hanche dépassait de derrière l’abri où elle s’était mise.

Pendant qu’il s’avançait, elle se retourna : « Bonjour vous ! J’espère que je ne vous dérange pas… Un hiver une branche sortant des cieux, comme un dieu impoli, montra du doigt ma maison et alla jusqu’à faire coucou à la faune endormie sous le manteau des anges de l’air. Sans trop me poser de questions, l’opportunité j’ai saisie, et j’ai décidé de la suivre… Après un long chemin, de rudes épreuves qui m’ont vraiment semblées sans fin, me voilà… enchantée d’ailleurs de faire votre connaissance, que faites vous seul dans un endroit aussi isolé ? »

Le mage ne sut trop quoi répondre… « Je, je… votre présence est un enchantement ! Je vous rassure, je n’ai point commandé à la branche de venir vous déranger dans votre lieu. Je ne sais d’ailleurs pas comment cela s’est fait… Peut être un grand magicien dans votre entourage a t-il cherché à me contacter ? En tout cas, de vous voir, mes cieux sont vraiment ravis… vraiment… un plaisir, que dis-je, un délice ! »

A cela la visiteuse le regarda et lui répondit « Prémices y voyez seulement, de ce qui nous a rapproché, point d’autres questions vous devez vous poser. De tes pouvoirs, je ne savais pas que cela existait, et vous êtes plus à même que moi de savoir la magie de la création, les rouages des événements qui font que nous nous sommes rencontrés… »

Le mage et sa visiteuse, de la vague impression de se reconnaître, apprirent dès cet instant à se connaître. De leur bras allaient naître, s’étendre les bonds de leur esprit amoureux… prenant soin les jours suivants de l’arbre et de sa branche sans fin, qui, parait-il, aurait fait la demande à sa fée gardienne de changer de coin afin de s’enraciner et pointer un autre horizon, un autre chemin…

~ © Pascal Lamachère - 2002 ~