Elyséen et la rose
Inspiré par : http://www.lejournaldepersonne.com/2012/12/andouille-quitte-gribouille/
Il était une fois un jardinier pas comme les autres, s’occupant d’une flore pas comme les autres…
Elyséen, le jardinier, venait matin et soir bichonner la verdure de son immense serre baptisée Démocranerie. Il arrosait chaque parcelle avec un liquide argenté, apportait du soin à toute la troupe verdoyante, mais plus particulièrement à deux créatures qui avaient les faveurs de la galerie : une rose rouge et un chêne. Pas des que l’on trouve partout ! Non ! Des qui parlent ! Enfin, qui émettent des sons ! Il n’y avait que quelques spécialistes qui arrivaient à traduire leur langage, du moins, le prétendaient-ils ! Personne ne pouvait vérifier…
La rose était resplendissante, ses pétales semblables à la soie émettaient une douce lumière rosée qui touchait le cœur de nombreux visiteurs, qui ne cessaient de l’admirer. Elle inspirait à partager, du moins en apparence : certains se disputaient la place où ses crins rosés étaient le plus efficaces.
Le chêne était majestueux, ses branches, ses feuilles semblaient inaltérables, la cime renvoyait une lumière bleue d’un côté et rouge légèrement rosé de l’autre. Il inspirait la virilité, la vigueur, les esprits guerriers, du moins en apparence : comme pour la rose, certains se disputaient une place, celle où les rayons convergeaient, mais c’était plus des chamailleries d’enfants jouant dans un bac à sable.
Certains semblaient jongler entre plusieurs, aller d’un groupe à l’autre. Il comprenait ces derniers, car pour lui, toute la flore avait son charme.
Elyséen n’avait pas pris une ride. Il lui semblait travailler ici depuis toujours. Il pensait faire ce qu’il fallait, il y mettait tout son amour, même s’il se rendait compte qu’il devenait de plus en plus difficile de bien prendre soin de la vie de sa serre, quand les groupes qui s’étaient formés autour d’une créature végétale ou une autre, se disputaient en leur sein et contre les autres. Les plus grosses affluences, les plus grosses disputes revenaient par période cyclique : tous les 5 ans, depuis un certain temps, où tout le peuple de France devait élire sa créature préférée, et lui donner ainsi à elle et son groupe de fans de le diriger à la baguette.
Elyséen pensait faire ce qu’il fallait, mais il se rendit à l’évidence, un jour, qu’il n’y était pas, qu’il s’était trompé… C’était un de ces jours à mettre un Cyrano dehors… pfiout… Envolé le long nez, les tirades, le cœur enivré… Il avait boudé la rose et choisit le chêne au dernier concours, chêne qui avait perdu l’affection de la majorité des électeurs. Grand mal lui en a pris ? Que nenni. C’est un pic, c’est un cap… c’est un tsunami qui a tout renversé la péninsule. Même la victoire, l’élection du grand arbre pour le cycle en cours n’aurait peut-être pas pu retenir le grand gaillard. C’est du moins la réflexion que s’était faite le jardinier en allant s’occuper de la rose…
Ce jour où il se rendit compte à quel point il s’était trompé, Elyséen eut l’impression de tout redécouvrir… En trouvant la rose à l’agonie, n’émettant plus de lumière, se trouvant maintenant dans l’ombre du chêne, toute flétrie, il creusa un peu à côté, pour aérer les racines… et tomba sur une racine du chêne… Il alla ailleurs, près d’un autre végétal… Même chose. Il comprit que si chaque créature semblait avoir sa propre âme, sa propre vie, elles étaient toutes liées aux autres d’une manière ou d’une autre, par les ombres mélangées et/ou les racines.
Elyséen retourna près de la rose… Pour la première fois, il lui sembla comprendre ce qu’elle disait, écouta ses dernières volontés émises d’une voix cristalline :
Offre-moi à une ménestrelle
Qui a vu venir le déclin de mes frêles.
Tu la reconnaîtras aisément,
Elle ne ressemble à personne,
Racontera mon histoire comme Personne ! »
… Il se raconte sur les chemins que la rose desséchée a été vue dans la bouche d’une grande artiste, guitare à la main, racontant son histoire à quelques privilégiés…
La peur est une ordure
Inspiré par :
http://www.lejournaldepersonne.com/2012/12/la-peur-noel/
Un matin de Noël, je m’approchais de l’âtre. Il ne restait que des braises vives, suffisamment pour éclairer un peu la pièce ; dehors, il faisait sombre, des nuages cotonneux se doraient la face lumineuse et nous laissaient que l’ombre de leurs anges…
J’avais dans les bras une créature chétive, l’incarnation de peurs, et l’idée de la jeter sur les braises, geste qui me semblait digne d’un cadeau d’anniversaire et de Noël fait au coeur, dans l’espoir que la créature enflammée rallume les braises, fasse la flamme renaître et illuminer de la surface de la peau aux tréfonds de l’âme…
Arrivé tout prêt, dans l’ultime instant, une autre étrange créature se jeta sur moi, me fit trébucher et m’immobilisa, me tétanisa sans me toucher. Elle me toisa un instant, puis cracha un étrange liquide sur mon corps. Elle semblait prête à vouloir me tuer, à me pousser dans les braises pour me faire flammes…
Une amie arriva, tenta de chasser la créature. Cette dernière la repoussa d’abord, la fit s’asseoir, tenta de la ligoter. Mais l’amie n’avait pas dit son dernier mot ! Elle lui donna un grand coup de pieds, puis un deuxième qui la déséquilibra pour de bon… Je pus de nouveau bouger, me relever, aider l’amie à immobiliser la créature, pour finalement la mettre « au feu » avec la créature chétive…
Et la flamme fut, et la lumière chaude envahit la pièce, accompagnée d’un souffle qui ouvrit la fenêtre, gagna les nuages, et le soleil d’hiver se mit à tomber vers les chaumières, vers nos têtes, vers la terre, incarné en petites étoiles gelées qui recouvriraient bientôt tout d’un manteau immaculé…
la cage de silences
aux mots dits…
Ouvrez, ouvrez
la cage de l’hors temps
à l’instant éternel…
Ouvrez, ouvrez
la cage du gris
à la vie et ses couleurs…
Ouvrez, ouvrez
la cage d’une sagesse sans sage
aux sages de passage…
Et rions, rions, brûlons par le rire les peurs, les phobies, même les plus amphibies !
Et vivons, vivons, une autre ronde, une ouverte à la vie, où chaque jour se fête, sans les bornes de l’interdit, sauf celles qui seront pesées, discutées, voulues par le for intérieur ?!
Et rions, rions, sourions, sourions, aimons, aimons…
Joyeux Noël !
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