J’ai repris un scribouillage qui date un peu pour, je l’espère, le plaisir de vos zygomatiques. A prendre au second, troisième… au degré que vous voudrez. Attention cependant, malgré l’air automnal, au premier et au-delà du millième degré de lecture, un effet secondaire peut provoquer une flambée des pages ou de l’écran et des brûlures nécessitant une lecture kafkaïenne sombre qui fera baisser la température.
Te voilà prévenu fidèle (ou pas) lecteur/lectrice ! Ainsi, l’auteur décline toute responsabilité quant aux effets secondaires de l’histoire qui va suivre, d’autant plus qu’il ne sait pas encore tout ce qu’elle va contenir…
Bonne lecture

@ votre bon vouloir !
« Pourrais-tu m’aider à te dépoussiérer, Plume ?! »
A la plume d’envoler : « Je ne subie pas les affres de l’immobilité de l’air, mon cher. C’est ta main qui est vide de moi ! »
« Mais… je… c’est parce que… je… l’encre… mes histoires se sont immobilisées dans ses gelures et sa sécheresse ! »
A l’encre sang, enfermé dans une vaste caverne, de se manifester : « Hmm… Hmmm…. HMM ?!! Hey, oh ! Tu veux que je te tache de mes arcs-en-ciel ?! Tu t’es vu quand tu « silences » ?! Si mon antre n’avait pas été obturé par la cristallisation de tes flux, les relents de tes songeries, de tes salines refoulées, je t’aurais même bariolé les plages célestes du fin fond de l’univers ! »
« Euh… même pas cap ! »
Dans le noir le… presque plus complet, l’encre acheva le travail commencé, celui de percer les parois de sel pour dégouliner et jaillir soudainement sur les interstices de son contenant…
Dissolvant petit à petit la fortune cachée, des gouttes s’unir pour former des bulles, les bulles suivirent le courant de lumière pour s’envoler dans l’horizon stellaire…
« Hey ! Ne partez pas toutes ! J’ai besoin de vous ! »
A la plume de se rapprocher de la main : « Suivons-les ! »
« Mais… je ne sais pas voler ! »
La plume tirant la main : « Tu sais me saisir avec doigté et me faire danser des paysages lettrés par un mouvement qui s’appelle écrire ! Non ?! »
« … »
Aussitôt dit…
Une goutte d’encre se posa sur la face cachée de la lune, ou plutôt tomba au creux des babines d’un chat pas comme ses confrères terriens. Ce chat, Frippon, avait les pattes sur la courtisane de la terre. Mais… même si cela pourrait être un sujet de débat passionnant pour les éminents astronomes, biologistes, étymologistes et compagnie… ce n’était peut-être pas là sa plus marquante « curiosité ». En effet, au-delà du fait qu’il n’avait pas de scaphandre, de tenue spatiale, il était tout simplement translucide. Un œil humain aguerrit n’arriverait à distinguer sa forme… qu’à moins d’une dizaine de mètres.
Bref, ce Frippon n’était autre que le roi des chats de la Voie lactée – il faut dire qu’il n’y en avait pas d’autre sur les autres planètes de la galaxie – et alors que venait le visiter le roi Soleil, il restait le plus clair de son temps assis sur son trône lunaire situé au milieu de la face cachée de nos mirettes terriennes. Comment faisait-il pour régner sur le royaume des chats qui nous entourent ? Bonne question ! La réponse dans un autre chapitre, si les bulles d’encre le veulent bien. En « parlant » d’elles…
Pendant sa toilette, le gros matou se barbouilla quelques poils avant de finalement ingurgiter toute la goutte, sans que sa translucidité n’en soit altérée. Pas de quoi en faire un roman, juste de retranscrire quelques paroles échangées entre lui et Soleil devant la toile mirifique de l’océan d’en haut où évolue une cohorte inconnue :
« Miaou… Tu me grilles une fée de serre ? »
« Encore ? Tu sais, il n’en reste plus beaucoup ! Leur espèce est en voie d’extinction, et je dois les griller plus longtemps pour faire disparaître la pollution de leur chair. »
« Miaaaooou ! »
« Une dernière alors ! »
Etait-ce la cause du réchauffement planétaire ? Notre « ami » n’eut le temps « d’oraisonner » en son for intérieur : sur terre, non loin d’un volcan endormi, une autre bulle d’encre happa son attention…
(23 mars 2007)
La bulle était en train de se fondre dans toute la zone, devenant d’abord une microscopique couche, puis rejoignant petit à petit les rangs de l’atomique…
« Du silence
Un jour je suis né…
Et…
Après quelques explosions…
J’y suis retourné… »
Semblait vouloir dire les stigmates de la défunte activité du volcan.
En tachant les êtres vivants, en se mélangeant aux eaux des sources, des rivières et des lacs, en s’incrustant dans les pierres, en s’imprégnant des traces, en « mourrant pour y revivre » sous une autre forme, la poussière d’encre fit ressortir une tranche d’histoire du lieu : suite à leurs « bourdes » répétitives, les lutins - qui s’étaient occupés de la plomberie, des tuyaux, de la chaufferie au fond du cratère - avaient été mis au chômage. Technique ou virés ? Personne ne put le dévoiler. Ce qui fut avéré, c’est qu’il n’y avait plus de travail pour eux sur le lieu : à cause de leur dernière « négligence », le plus gros des relents de l’enfer à réguler sur le site avait souillé la nature et il ne restait donc plus rien à contenir, plus rien avant des millénaires. Ceci expliquait le relatif calme. Relatif, car non loin du volcan, dans une masure en lisière de la forêt circulaire, un homme vivait reclus, se cachait, aidé par le clan des fées Mérides…
« … Qu’est-ce que des fées Mérides ? » demanda l’auteur à sa plume.
« … Je t’en pose des questions ? » frémit la plume dans l’air.
« … Ben, j’y répondrais avec plaisir ! » rétorqua-t-il avec ses doigts.
« … Laisse couler l’histoire et tu auras ta réponse… » conclut la plume qui s’imbiba des atomes d’encre pour s’ancrer à une nouvelle page…
Reprenons le cours de notre tranche d’histoire…
« Vous êtes certain ? Vous avez pris votre décision ? Vous savez, on dit que rien ne peut arrêter cette sorcière ! » susurra, dans le vif du sujet, la fée de sa voix fluette.
« Que le grand auréolé me fasse liquéfier ou pousser des cornes sur le champ, si je ne le suis… euh, à la réflexion non, mais je veux essayer ! » répondit l’homme d’une voix presque éteinte.
« Je dois dire que ça nous soulage, nous sommes de plus en plus nombreuses, mais tout juste pour répondre à… la demande toute aussi croissante ! Aussi, messire Gel, si vous voulez bien vous écarter… » expliqua et requérra la fée.
Gel s’écarta légèrement, puis plongea sans se faire prier dans le passage que lui avait ouvert cette fée Méride…
Pas de quoi en faire un roman ! A peine un conte, une nouvelle ! Pensa l’oeil-coeur-cerveau qui faisait bouger la plume. Pas si sûr… En même temps que le passage s’était ouvert, la protection s’était évanouie et une autre bulle pu s’engouffrer dans cette autre dimension, prête à happer son attention, à quémander la pointe de la plume…
(19 octobre 2007)
… Cette dernière pointa dans la direction du vortex et commença à entraîner la main qui la tenait, avec le reste du corps par la même occasion. Son propriétaire sembla se laisser traîner, hésitant à suivre le chemin de l’étrange histoire qui s’était ancrée sous ses yeux…
« Bon, alors ?! T’attends que le croque-page ramène sa gomme dans les parages ? » vibra la plume retournée vers les mirettes.
« Hum ! J’ai le droit de décider où je te promène, non ? Et à vrai dire, je me demandais s’il ne serait pas plus intéressant de… Hey ! »
« Je suis Super Con ! » affirma t-il sur un ton dramatique en se dodelinant.
« Meuh… nan ! » fit semblant de rasséréner son comparse qui hocha la tête de bas en haut, tout en se faisant.
« Si si ! C’est mon nom ! »
« … Ah, Sisi c’est ton nom ?! »
« Mais non, Con ! »
« Je te permets pas ! C’est toi l’con ! »
« Oui, oui, c’est bien Con… mon nom de famille. »
« … C’est con comme nom de famille…»
« Naine en tutu bleu ! Je te l’avais dit ! T’es vraiment qu’un perroquet tristus tout joyeux ! » insulta le « capé ».
« Et toi t’es qu’un… qu’un… blagueur sans fernus ! » rétorqua le comparse qui se rua, cornes baissées, sur l’autre.
Les deux autres nains semblèrent prêts à se joindre à cette petite bagarre amicale. Devant l’affligeante tournure, l’attention de la pointe se retourna vers Gel qui s’était levé d’un bond et s’était mis en colère alors qu’aucune parole audible n’avait été échangée. Il avait visiblement fait le point de la situation par télépathie.
« Et si la sorcière met fin aux jours de quelques personnes ?! S’il lui venait l’envie de s’en prendre à mon amie Atine, je ne pourrais me le pardonner ! Je dois d’abord aller lui parler ! Lui faire une proposition qu’elle ne pourra décemment par refuser ! »
Le mage resta en transe, pour maintenir la pièce sous protection et pour…
« Oui, j’ai compris que des tractations sont en cours avec des droliticus, que vous êtes en train d’entamer les palabres par l’intermédiaire du conseil de la féerie ! Mais cela ne fera sûrement qu’alimenter le fléau !
De quoi je m’enflamme dans le vide ? Je… Et si je lui servais d’appât vers le lieu de réunion ?! Oui, cela pourrait être une bonne idée ! Je suis d’accord ! » sembla monologuer, voire soliloquer Gel.
Pour seule réponse visible, son ami forma une boulle avec ses mains, ce qui eut pour effet d’envelopper Gel dans une bulle. Il lévita aussitôt, sortit de la pièce en traversant le mur, tel un fantôme, fut l’objet d’attentions particulières des nains qui tentèrent – en vain - de nombreuses pirouettes et qui ne réussirent qu’à le faire rebondir sur les parois de l’escalier qu’il « montait » à présent. D’infimes particules d’encre s’accrochèrent à la bulle lorsqu’elle s’engouffra par une fenêtre du premier étage…
La plume sembla hésiter à suivre Gel, le plus gros ayant imprégné cette rive, ce château, et d’autres bulles quémandaient son attention dans des ailleurs…
© Pascal Lamachère – février 2008
(*) A la demande de FCSSS
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