Blog littéraire, artistique de Pascal Lamachère

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samedi, septembre 4 2010

Album photos concerts, feux d'artifice, Canada (Québec, Montréal...), rives Pays Baque, Bordeaux, Paris, Saint-Ferréol, Port-la-Nouvelle etc.

albums photos voyage au Québec escapades dans les régions françaises, concerts, feux d'artifice, fêtes, plages...

Oyez, Oyez !

Depuis pas mal de temps, je ne peux plus met­tre à jour les gale­ries pho­tos de ce blog, pour des rai­sons d’incom­pa­ti­bi­lité avec une maj du sys­tème. Je me suis mis à les met­tre sur face­book et me suis dit que ça pour­rait inté­res­ser cer­tains lec­teurs, de même que c’est une oppor­tu­nité de deman­der votre avis. Si toi, toi là qui me lit, n’as pas de compte (il faut être mem­bre des faces du grand livre pour pou­voir con­sul­ter les pages des autres), n’as pas envie d’en créer un même si c’est gra­tuit et même si tu peux t’enre­gis­trer avec une adresse mail et un pseudo inconnu au bataillon de tes « obser­va­teurs », mais que tu serais inté­ressé(e) par zyeu­ter mes albums, des péré­gri­na­tions modes­te­ment cap­tu­rées, ou que tu pré­fè­res tout sim­ple­ment les visua­li­ser ici, n’hésite pas à te mani­fes­ter (via le for­mu­laire de con­tact ou en com­men­taire de ce billet), je sau­rai alors que cela vaut le coup de met­tre la main dans le cam­bouis des octets.

Pour l’heure, pour le flux pré­sent, je vous, je t’invite sur Face­book :

* album photos plages du pays basque, biarritz, saint jean de luz, sept. 2010 A poser les pieds sur les rives du Pays bas­que (cel­les de Saint Jean de Luz, de Biar­ritz et de San Sebas­tián). Sui­vez l’élan de votre sou­ris en cli­quant ici.

* A voya­ger au pays des cari­bous, des cas­tors, de l’era­ble… Au Canada, plus pré­ci­sé­ment au Qué­bec, de Mont­réal à la ville Qué­bec, en pas­sant par Baie-Saint-Paul, les grands espa­ces macu­lés de blanc…

album photos vacances Québec, Montréal, ski, saint laurent A la décou­verte du Qué­bec, Album photo 1, cli­quez ici pour y accé­der

album photos québec, montagnes, neige, raquettes, promenades, sept. 2010 A la décou­verte du Qué­bec, Album photo 2,  cli­quez ici pour y accé­der

* album photos olivia ruiz, concert à toulouse, feu d'artifice, sept. 2010 A « assis­ter » au con­cert d’Oli­via Ruiz aux allées Jean Jau­rès de Tou­louse, ainsi qu’au feu d’arti­fice qui a été tiré ensuite, le 14 juillet 2010. Cli­quez ici pour admi­rer Oli­via façon­ner des étoi­les.

* album photos escapades à Paris, Bordeaux, Saint-Ferréol, Port-la-Nouvelle, sept. 2010 A faire des esca­pa­des en vrac, d’une ville fran­çaise (en dehors de l’agglo­mé­ra­tion tou­lou­saine, du dépar­te­ment) à une ville d’ailleurs, voire extra­ter­res­tre… (‘fin, pour l’ins­tant, Bor­deaux, Paris, Saint-Fer­réol et Port-la-Nou­velle). Cli­quez ici pour les décou­vrir, le faire sans dépla­cer les pieds.

* album photos feu d'artifice de L'Union, spectacle orchestre Olympia, La Rotume 50's..., sept. 2010 A (re)vivre les fes­ti­vi­tés de L’Union, petite ville de l’agglo­mé­ra­tion tou­lou­saine. Lors de l’annuelle fête foraine, l’Orches­tre Olym­pia, La Rotule 50’s, des majo­ret­tes et leur orches­tre de la gerbe d’Or de ST LOUP Cam­mas, et un feu d’arti­fice, ont défilé. Cli­quez ici.

Enfin, petit coup de pub pour une artiste, une pho­to­gra­phe pro­fes­sion­nelle, au cas où vous en cher­che­riez un : cli­quez ici pour accé­der à son site.

Bon surf sur et à tra­vers les pixels !

Bonne ren­trée à ceux qui sont con­cer­nés, bon cou­rage à tous !

@ pelu­che :)
Pas­cal


samedi, avril 18 2009

Chapitre 2 – Au-delà de la brume - Suite 5 du roman à suivre 'Les pages déchirées' (partie 6)





Cha­pi­tre 2 - Au-delà de la brume

Greendle passa deux jours à se plon­ger dans un tra­vail inten­sif, plus qu’il ne l’avait prévu. Entre entre­tiens, pho­tos, rédac­tion et aide à appor­ter à ses col­lè­gues pour cause de réduc­tion d’effec­tifs, il avait mis de côté ses échan­ges avec Liloo et il avait oublié l’étran­geté de ses der­niers rêves, jusqu’à ce qu’il déam­bule dans la petite rue Léon Gam­betta…

L’air s’était rafraî­chie, les nua­ges dans le ciel étaient d’un gris très som­bre, cap­tu­raient la lumière comme un filet de pêche aux mailles ser­rées tiré dans un océan de gros pois­sons. Mal­gré cette atmo­sphère annon­cia­trice de gibou­lées de mars très très en retard, notre anglais, « emmi­tou­flé » dans sa veste en cuir, avait voulu faire un tour sur les ber­ges de la Garonne après une jour­née haras­sante et avait dirigé ses pas en con­sé­quen­ces. Mais un abat de fins pro­jec­ti­les gla­cés eut rai­son de sa soif de bouillons flu­viaux et il choi­sit de se « réfu­gier » dans le cyber de la rue. Il le fit d’un pas non­cha­lant, pen­dant que les rares per­son­nes n’étant pas encore à se sus­ten­ter se mirent à cou­rir. Comme si leurs esto­macs criaient famine et qu’elles s’en trou­vaient en dan­ger de mort, elles lui sem­blè­rent sau­ter et se pré­ci­pi­ter à la manière des pira­tes de son rêve. Dans la fou­lée, les tam­bours des cieux rai­son­nè­rent et un éclair les brisa. Dans cet élan sur­réa­liste, à tra­vers un cha­pe­let de grê­lons éclai­rés, Greendle crut aper­ce­voir un dia­blo­tin fami­lier en train de lever le poing au ciel. Il tres­sauta, secoua la tête et péné­tra dans un air chauffé par les humains et les machi­nes.

Le cyber était pres­que bondé. Il lui fal­lait atten­dre un peu avant d’avoir une place parmi la tren­taine de pos­tes. Le pho­to­gra­phe-repor­ter en pro­fita pour appré­cier l’éclai­rage légè­re­ment tamisé, obser­ver les gens en train de vaquer à leurs « occu­pa­tions élec­tro­ni­ques » et détailler le décor… Au fond de la salle, une affi­che (scot­chée con­tre une sépa­ra­tion en con­tre­pla­quée posée entre deux ordi­na­teurs) attira par­ti­cu­liè­re­ment son atten­tion. Titrée Les Pira­tes de l’espace en con­cert, il eut du mal à en croire ses yeux. Avait-il fait un sem­blant de rêve pré­mo­ni­toire ? Une sim­ple coïn­ci­dence ? Sa sou­ris se ren­dit sur leur mys­pace, une fois devant un ordi­na­teur. La musi­que qui entra dans ses oreilles fut plus soft que ce à quoi il s’était attendu avec un tel nom. Ses doigts enre­gis­trè­rent dans l’agenda le lieu et la date du show, puis con­sul­tè­rent ses mails. Liloo n’avait rien écrit. Greendle cla­viarda quel­ques mots pour l’infor­mer qu’il avait passé deux jour­nées fol­les, qu’il envi­sa­geait d’aller à un con­cert d’un groupe de rock fran­çais dans quel­ques jours et qu’il serait pro­ba­ble­ment très occupé le reste du temps, en grande par­tie à cause de l’épée de Damo­clès de la crise éco­no­mi­que que le direc­teur de la rédac­tion avait fina­le­ment laissé tom­ber sur le jour­nal.

Après avoir envoyé le mes­sage, le geek se ren­dit compte que son ven­tre récla­mait de l’essence de vie. Il regarda par la fenê­tre. Il fai­sait tou­jours aussi som­bre mais il n’y avait plus qu’une pluie fine à venir titiller les bri­ques, les têtes métal­li­sées et le bitume. Il se leva d’un geste vif, vêtit sa veste, sor­tit de sa besace de quoi payer l’accueillante asia­ti­que à l’entrée. Greendle des­serra ses dents pour lui offrir un sou­rire un peu bêta tout en ver­sant dans sa main la somme qu’elle lui avait deman­dée avec un accent exo­ti­que.

- Au… au r’voir ! bal­bu­tia timi­de­ment l’anglais avec son accent.

- See you soon ! Take care with this wea­ther ! rebon­dit la jeune employée qui avait levé la tête pour le regar­der droit dans les yeux, tout en ran­geant la mon­naie.

- Sa… Sayô­nara ! répon­dit radieux l’ama­teur de lan­gues qui som­meillait en lui, sou­hai­tant aussi et sur­tout ren­dre la faveur de la jeune femme en s’expri­mant à son tour dans sa lan­gue mater­nelle.

- Hihi­hihi… i’m not Japa­nese ! Hihi­hihi… expli­qua-t-elle entre deux rires cris­tal­lins.

La jeune femme s’excusa et s’apprêta à répon­dre à l’inter­ro­ga­tion faciale de son inter­lo­cu­teur, mais un client pressé se mani­festa. La voyant se détour­ner, l’anglais prit congé en dis­si­mu­lant assez mal un air con­trit nais­sant. Lorsqu’il passa la porte, une voix fémi­nine lui sou­haita une bonne soi­rée. Il ne se retourna pas et s’engouf­fra dans l’écume des nua­ges sans ajou­ter mots.
En route vers son « Home, Sweet Home », le lord dut essuyer un bref redou­ble­ment d’averse, des écla­bous­su­res de voi­tu­res et de camion­net­tes. Mouillé du bout des pieds à la pointe des che­veux, la porte de son chez-lui fran­chie, il ferma les volets, mit un cd de Craig Arm­strong, se désha­billa, prit une dou­che bien chaude et, une fois séché, vêtit son pei­gnoir et des pan­tou­fles. Le reste de la soi­rée fut con­som­mée entre un menu réchauffé, des tran­ches de pages de L’Homme qui rit et des pages d’un car­net, à peine entamé jus­que-là, qu’il noir­cit de pay­sa­ges let­trés au pas­sage de son calame doré. Il y pei­gnit un début de conte sur une gre­nouille vivant sur les ber­ges du canal du midi…

Lorsqu’il res­sen­tit le poids de la fati­gue sur ses mains, Greendle laissa choir sa plume, fit naî­tre le voile de la nuit, s’allon­gea et se laissa enva­hir par la sym­pho­nie plu­vieuse sur la bar­que des rêves.

« Nua­ges gris,
Soleil noc­turne,
Quel­ques maux enfouis
dans l’Urne
d’un magi­cien
non Humain
resur­gis­sent
au détour
d’une âme créa­trice
pié­gée dans un four… »

Cette nuit-là, le rêveur explora des son­ges plus inso­li­tes que jamais. Il com­mença par rêver qu’il se trou­vait aux côtés de Michael Jack­son, dans l’O2 Arena de Lon­dres, le jour de la pre­mière du come back de la star. Aux pre­miè­res paro­les d’Heal The World, Greendle se retrouva face à une mon­ta­gne incon­nue, sur une terre en train de trem­bler. Aux pre­miers signes d’érup­tion, une brume se forma autour de lui, mais le décor ne chan­gea pas immé­dia­te­ment. Petit à petit, la mon­ta­gne se liqué­fia, son odo­rat fut titillée par une odeur âcre, deux bâti­ments en feu pri­rent forme et…

- Sau­vez-moi ! Sau­vez-nous ! Par ici ! En haut !

Greendle ne sut où don­ner de la tête. Il avait le tour­nis et ne savait plus dis­tin­guer le haut du bas, la gau­che de sa droite. Fina­le­ment, il se diri­gea à l’ins­tinct et… il se fit hap­per par un tour­billon orange. Quand il fut en mesure d’avoir l’esprit clair, que le pay­sage fut posé, il ne put bou­ger, enfermé dans une bulle trans­lu­cide au-des­sus d’un gouf­fre infini. Il assista en spec­ta­teur à une drôle de scène. Cerise sur la bizar­re­rie, bien qu’il se sen­tit étran­ger, non con­cerné, il avait la sen­sa­tion de savoir, de con­naî­tre…

… Corian­the con­tem­ple le vide. En met­tant de côté tout un tas de dif­fé­ren­ces fonc­tion­nel­les, inté­rieu­res, non visi­bles dans cette posi­tion, elle res­sem­ble à une humaine cos­tu­mée et gri­mée pour une « soi­rée dépa­reillée » : une robe marine por­tée du men­ton aux che­villes avec un cou­vre chef en forme de cha­peau de magi­cien cou­leur sang. Mais ce n’en est pas une. C’est une Mon­dine. Sa « robe » et son « cha­peau » sont une par­tie de sa chair, ce qu’elle tient entre les mains est son coeur sur lequel sont plan­tés ses yeux, son nez est très fin, ses oreilles ron­des, son teint de peau passe par tou­tes les cou­leurs de l’arc-en-ciel en fonc­tion de son humeur… Et, à cet ins­tant, elle est des plus mélan­co­li­ques.
Entre sacri­fice et tra­hi­son, le che­min de cette créa­ture l’a menée face à ce pré­ci­pice. Elle n’a plus le choix. Il lui faut plon­ger dans l’abîme. Elle y a été con­dam­née. Elle ne peut y échap­per. Une perle bleue s’extirpe de la masse argen­tée qui trône dans la paume de ses mains join­tes ; la pre­mière et der­nière larme de son coeur de Mon­dine. Elle espère que, mal­gré tout ce qu’elle a fait, elle sera sau­vée pen­dant son saut, qu’elle obtien­dra rédemp­tion, qu’un valeu­reux Mon­din vien­dra lui offrir une chance d’arran­ger l’irré­pa­ra­ble.
Les jam­bes de Corian­the fré­mis­sent. Elles sont l’antre, le seuil de ses pou­mons. Elle a pris une der­nière bouf­fée, « pour la route ». Son « cha­peau » tourne un ins­tant, elle lâche la masse argen­tée et saute…

à sui­vre / to be con­ti­nued - cli­quez ici pour lire la suite

© Pas­cal Lama­chère – avril 2009


mardi, janvier 20 2009

arc-en-ciel photo

Queues devant le guichet et l'entrée du cirque Pinder

Devant le cirque Pinder.

Le cirque Pinder avait rendu visite aux Toulousains en février-mars et avait élu domicile non loin du Zénith. Cela faisait… pfiou, tout ça que je n’étais “allé” au cirque, je sais même plus s’y j’y étais allé une fois dans ma jeunesse, sûrement. Bref, toujours est-il que j’ai profité d’une occasion qu’on m’offrait pour assister à une représentation…

C’était en début d’après-midi du 27 février 2008… Durant près de deux heures, le spectacle rodé du cirque, avec quelques imprévus, a bien entendu été au “rendez-vous” par l’entremise de monsieur Loyal, des clowns, jongleurs, acrobates, trapézistes, des dresseurs et de leur ménagerie… Quelques fauves se chamaillant avant l’arrivée de leur maître ont fait quelques légères frayeurs au public des premiers rangs (enfants et adultes), ainsi qu’un éléphant qui avait été effrayé par le passage d’un chien à l’extérieur du chapiteau, alors qu’on l’amenait sur la piste, et dont le stress était très… communicatif. Le “mythe” de l’éléphant qui prend peur à la vue d’une souris dans les dessins animés n’est pas qu’une légende urbaine.

jeudi, janvier 15 2009

Suite 4 et fin chapitre 1 du roman à suivre 'Les pages déchirées' (partie 5)



Pour (re)lire la quatrième partie cliquez ici


Dehors, la chatoyante faisait frémir les rues animées de couleurs. Après quelques pas séparant l’antre de son immeuble de la route, le chineur de plume se figea. Les tutures et compagnie semblèrent l’inviter à se joindre à leur danse motorisée. Greendle se sentit attirer et fit un pas, puis deux… puis hésita, s’arrêta comme un automate qui a fini sa série de mouvements. Il était à deux mètres de la crêpe humaine, le regard perdu dans le vide. Il se tourna dans la direction opposée à Saint-Sernin, se figea de nouveau. Une drôle de sensation le submergea, un peu comme s’il  venait d’avoir une prémonition indescriptible, dont seul comptait la répulsion. L’anglais tressauta et secoua la tête, se retourna dans la direction qu’il avait prévu de prendre… et la suivit.

« Lorsque la lueur des possibles est voilée,
un chemin unique a été pris, une ligne tracée
et il n’est plus possible de faire marche arrière,
reste plume, témoin du retournement de terre… »

Greendle passa par le jardin des plantes, se mit à flâner lorsqu’approcha la statue en hommage à Saint-Exupéry et à son petit prince. Un groupe de jeunes jouait au rugby non loin, en grande partie sur la pelouse. Il porta son regard de la statue à leur ballon ballotté d’une main à l’autre, « déconnecta » son oreille saturée par les appels au ballon des uns et des autres, les conseils de placement des capitaines et entraîneurs de fortune, concentra ses sens sur la vue. Il la dirigea vers le ciel. Des anges lui semblèrent danser dans les interstices des nuages…

Quelques oraisons plus loin, le photographe-reporter se planta un instant sous la branche d’un arbre, subjugué par quelques fleurs aux alentours. L’ovale échappé des mains d’un joueur arriva dans sa direction. Il essaya d’apprécier la trajectoire de manière à bien le réceptionner et se rendit compte qu’il était déjà parfaitement placé. Lui avait-on sciemment envoyé le ballon ? Le fruit du hasard ? Sans plus pousser l’enquête, il rendit l’objet à l’envoyeur et ne se sentit pas de rester…

Au moment où notre chineur arriva sur la place, en face de l’église, les cloches sonnèrent 11 h et… ? Il réalisa qu’elles rythmaient aussi les quarts d’heure. Il lui sembla que ce fut la première fois qu’il y prêtait attention. Celle-ci passa des cloches à un trio. Trois couvres chef de pirates sortirent d’un bar et vinrent dans sa direction. Greendle secoua la tête, essayant de chasser les bribes de son dernier cauchemar. Il fut aidé par la vision d’une fleur asiatique qu’il effleura. Il en fut plus troublé. En plus du souffle coupé, son cerveau se liquéfia, il devint tout pâle, mais pour une sensation bien plus agréable. Le battement aurait pu paraître éternel si sa « raison » n’avait refait surface. Il détourna le regard, se dirigea vers l’emplacement de mister Shakire Jackson.

Toujours assis aux milieu de sa « boutique de rue », le vendeur aux merveilles enrubannées par des mots - des histoires à dormir sur une page des milles et une nuit – était en fin de conversation avec une jeune dame en robe pourpre portant sur la tête un chapeau assorti.

- J’vous assure que ça les vaut ! M’enfin, tant pis, j’ai un acheteur pour la plume qui m’attend ! Si vous ne prenez pas le lot, ça vous passera sous la page ! asséna Shakire en montrant Greendle de la main.

- Je… euh… Si vous trouvez un pigeon pour ça, tant mieux pour vous ! Moi, c’est pas mon affaire. Au-revoir ! Conclut la dame sur un ton hautain après s’être tournée dans la direction de la main.

- Bye belle dame ! Beau jour maille lord ! Vous êtes vous bien enivré ? Avec le temps qu’il fait aujourd’hui, vous avez pas fini ! s’empressa de rebondir Shakire, sans se dépareiller de son air jovial mais avec un grain qui trahissait sa déception de laisser filer une potentielle cliente.

Greendle se sentit mal à l’aise. L’air de rien, il venait d’être dévisagé avec un regard  qu’il avait ressenti comme légèrement dédaigneux et par une bouche qui l’avait étiqueté comme potentiel pigeon. Il ne laissa cependant pas transparaître sa susceptibilité et afficha un sourire poli. Il ne répondit néanmoins pas tout de suite. Ses noisettes verdâtres se tournèrent vers la plume dorée, son corps se dodelina sous l’effet de son envie de s’en saisir.

- Merci de votre… so… sollici… tude ? Je… Euh… On peut passer les amabilités ? J’ai vraiment envie de cette plume mais il m’en coûterait de devoir me débarrasser de trésors pour un lot que je ne désire pas ! souffla-t-il presque.

… La discussion fut plus rapide et le dénouement plus heureux que notre chineur ne l’avait espéré. Sans devoir vendre un de ses livres, Greendle put acheter la plume et un encrier sculpté dans du bois d’ébène qui aurait appartenu à quelqu’un dont il avait déjà oublié le nom au moment où il prit congé.

L’anglais occupa le reste de sa journée à faire ce qu’il avait prévu, à profiter du beau temps, à prendre des photos, à user du clavier, à lire… et à « faire connaissance » avec sa plume dorée.

Le soir venu, avant de se coucher, Greendle consulta ses messages. Il lut en premier la réponse de Liloo à ses conseils. Ce fut à son tour de s’inquiéter. Elle lui avait répondu en une sorte de poème dont la forme et l’envolée ne lui ressemblait guère, du peu qu’il en avait lu, mais qui le prit aux tripes.

« Quand les mots m’ont blessée,
J’ai apprivoisé le silence,
Quand le silence m’a blessée, « lésée »,
Je me suis réfugiée dans le monde de l’esprit,
Et quand mes rêves s’y sont égrenés,
Ont été entrechoqués, brûlés dans l’« immobilité »
Face à la mobilité du feu de la vie,
J’ai tardé à réagir et ai rejoint l’ombre,
La dernière parcelle avant le néant ?
Là, mon vent et mon volcan aux nues
N’ont trouvé que l’écho du sans temps…
Puis un jour, avant la grande éruption, j’ai ouvert la fenêtre
Et dans les bras de mère poésie je me se retrouvée…
La plume à la main et les cimes pour seule quête,
Ô grande littérature, jamais je ne la lâcherai !

Ton amie,
Liloo »

Greendle hésita quant à sa réponse. Se disant qu’il valait mieux qu’il évite de trop en faire, il lui décrit d’abord sa première réaction, broda ensuite autour.

« Hello,

Je viens de te lire juste avant de rejoindre la dimension où l’impalpable devient palpable et vice versa. Tes mots m’ont presque ôté les miens. Tu es la poétesse que je ne suis pas. Tu me diras, normal, je suis un homme. Mais sans moquerie, sans plaisanterie, tu as fait mouche, je ne tenterai plus de te détourner de ton chemin poétique. Ceci dit, l’invitation à écrire à deux plumes tient toujours. Ce que tu voudras !

@micalement,
Greegree »

Notre jeune lord envoya son message, consulta les autres qu’il avait reçus puis alla rêver…


« - Qu’y a-t-il dans et derrière cette brume ?

- Des réponses à éclaircir.

- Et si j’en ai pas vraiment ?! Si les questions m’ont échappées ?

- Alors tu sauras.

- Quoi ?

- Ce qui est, ce qui compte, l’essence de l’être… »

Le lendemain, les yeux ouverts, le stylo sur son calepin des rêves, il nota ce dialogue insolite qu’il avait eu avec la plume chinée. Le plus déroutant pour lui c’est qu’il ne se souvint pas d’avoir fait d’autres rêves, et encore moins qu’il y avait eu un cadre autour du dialogue. Hésitant quant à l’interprétation qu’il pouvait en faire, il lorgna du côté de son ordinateur, songeant à faire une recherche sur un site dédié aux rêves. Il n’eut cependant le temps de s’attarder sur l’étrangeté, une journée de reportage l’attendait et il fallait qu’il s’empresse de se préparer.

Fin du chapitre 1 - Greendle et la plume chinée

à suivre / to be continued - cliquez ici pour lire la suite et début du deuxième chapitre du roman Les pages déchirées

© Pascal Lamachère – novembre-décembre 2008 – Janvier 2009



dimanche, novembre 2 2008

Bond lunaire

Envie de marcher sur la lune ?

Attention à ne pas se louper, ça pourrait faire mal…

Deux pieds en l’air pour l’homme,
Un bond de géant pour le rêveur,
Mais gare aux trous noirs !

© Pascal Lamachère - 31 octobre 2008

lundi, septembre 8 2008

Suite 3 chapitre 1 du roman à suivre 'Les pages déchirées' (partie 4)



Greendle se laisse aller un ins­tant, der­rière-lui une autre vague déferle, devant-lui la situa­tion n’est guère plus… pai­si­ble.

A peine réa­lise-t-il la situa­tion qu’il se retrouve dans les étoi­les. Il a l’impres­sion d’être devenu une cons­tel­la­tion.

Non… Sa vue se fait plus claire. Il est sur un sol, une sur­face où une myriade de cons­tel­la­tions de plu­sieurs galaxies sont acco­lées les unes aux autres. Est-il face aux pans de l’uni­vers, sa robe ? Lorsqu’il les lève, les yeux, un ins­tant ébau­bis, se rem­plis­sent d’une légère frayeur.

Des pira­tes de l’espace sont en train de débar­quer sur sa sorte de rive… sabres lasers à la main, der­rière eux des arba­lé­triers fago­tés un peu de la même manière. Des ombres dan­sent au bout de leurs car­reaux, des éclairs fusent de leurs yeux et… leurs cha­peaux lévi­tent au-des­sus de leur tête ? Ou c’est leurs che­veux qui s’héris­sent, cha­cun de leurs sauts d’ani­mal assoiffé de sang qui fait tan­guer ?
Le scri­bouillard se sent comme para­lysé. Il don­ne­rait cher pour tro­quer la plume qu’il… Il a une plume dorée à la main main­te­nant ? Il n’avait rien avant… Greendle ferme les yeux, il ins­pire, expire.

Lorsqu’il rou­vre les yeux, notre rêveur cons­tate la situa­tion cri­ti­que dans laquelle il se trouve : il a le pied droit et la main gau­che enfon­cés dans la terre (enchaî­nés pour l’un à un piquet au niveau du cen­tre du mol­let et pour l’une au niveau du poi­gnet) et le pied gau­che et la main droite comme empê­trés dans une sorte de nuage de pous­sière qui gra­vite à 1 mètre. En face de lui, juste à l’orée du nuage, non loin de la grotte dont l’antre est devenu lumi­neuse, le dia­blo­tin du début de son rêve est entouré de toute la smala armée. Celle-ci sem­ble­rait pres­que sage comme une image à qui on n’aurait pas jeté de sort pour qu’elle vous dévore, et celui-ci sem­ble… il est inquié­tant avec sa bro­chette ten­due vers le coeur de l’anglais qui com­mence à pani­quer, sa tête levée dévoi­lant son air sar­cas­ti­que et des dents jau­nies dans les­quel­les sont venus se ficher quel­ques bouts d’os de corps étran­gers.

- No ! You can’t, i’m in a dream… if i want, i can… amorce Greendle qui secoue tous ses mem­bres.

- You can, but i will come back ! Répli­que sur un ton mena­çant le dia­blo­tin qui n’a pas changé de pos­ture.

Greendle se sent sub­mergé d’un mélange de ter­reur et de défiance. Il ouvre la bou­che comme pour faire défer­ler un flot qui englou­tira la menace, mais elle s’éva­nouit en un bat­te­ment de cils…


La res­pi­ra­tion hale­tante, un arrière goût trou­ble dans la bou­che jusqu’aux tré­fonds de l’esprit, le réveillé avant l’heure pré­vue secoua la tête pour ten­ter de chas­ser les bri­bes, les relents sen­so­riels du cau­che­mar. Il médita dans la fou­lée sur la signi­fi­ca­tion de ce qu’il venait de vivre chez Mor­phée…

A la suite de son orai­son, il se défit du mau­vais rêve jusqu’à la pointe du stylo en se sai­sis­sant de son cale­pin de che­vet et en y ancrant ce dont il se sou­ve­nait.

Le der­nier point mar­qué, le jeune anglais retrouva son flegme. Non­cha­lam­ment, il entre­prit le reste de sa rou­tine d’après réveil…

« Dans le temps,
Bal­lant,
Quand le feu prend la nuit,
La pénom­bre le jour,
Les rêves s’enfuient
Et jouent des vilains tours…
»

Paré pour enta­mer sa mati­née, sur l’écran de son umpc, assis bien au fond de son siège, la tête pen­chée légè­re­ment en avant, il fit défi­ler la liste des mes­sa­ges qui l’atten­daient. Il eut la sur­prise d’en avoir reçu un nou­veau de Liloo. Elle s’inquié­tait de ne pas avoir reçue de réponse de son ami, lui d’habi­tude si prompt à ce faire, et con­fiait son désar­roi à ne pas avoir réussi à écrire un nou­veau poème.

« Chère amie plume d’île, chère Liloo,

Je suis désolé. J’ai savouré ce que tu m’avais envoyé comme un doux nec­tar, mais mes péré­gri­na­tions sur le net avaient un ins­tant englou­tie ma bonne humeur. Ras­sure-toi, c’était une pec­ca­dille.

De même, je pense que le silence de ta muse n’est que l’oeil du cyclone. Un pas sur le côté et tu te retrou­ve­ras de nou­veau sub­mer­gée de ses envo­lées. Non que je mini­mise l’impor­tance d’une jour­née sans écrire, c’est juste que… je pense que plus tu te bra­que­ras sur ton blo­cage, plus il sera impor­tant.

Quoi­que je dois avouer que j’écris ça alors que je ne sais pas trop com­ment te ras­su­rer, que j’ai beau pou­voir théo­ri­ser des solu­tions, il n’en reste pas moins qu’au final c’est un che­mi­ne­ment per­son­nel que tu dois sui­vre. Et de ce côté, je ne sais si j’ai bien fait, le fait est que je n’ai pas réussi à gar­der la verve poé­ti­que qui ani­mait ma plume il y a quel­ques années.

Enfin, si j’avais un vrai con­seil à te don­ner, c’est que si la flamme qui fait ta plume s’envo­ler pour des poè­mes devait s’éva­po­rer, s’assou­pir plu­sieurs jour­nées, tu devrais peut-être voir si avec des his­toi­res ton encre ne coule pas plus faci­le­ment. Bon, j’ima­gine que tu y as déjà pensé, alors euh… En tout cas je suis prêt à t’aider d’une manière ou d’une autre.

Ah, en par­lant de ça, tant que j’y pense, si tu veux on pourra essayer d’écrire en duo ? Par­fois on se trans­cende, on écrit plus faci­le­ment lors­que des plu­mes peu­vent jouer le rôle de gui­bre l’une pour l’autre.

J’espère que tu pour­ras pas­ser une bonne jour­née, que le souf­fle des muses Érato et Cal­liope soit avec toi !

@mi­ca­le­ment,
Gree­gree »

Après un pre­mier cla­viar­dage, Greendle se relut et étoffa plu­sieurs pas­sa­ges. Lors­que assez satis­fait, il envoya son mes­sage, puis s’atta­qua à des cor­res­pon­dan­ces plus solen­nel­les dans le cadre de son tra­vail, écri­vit un bout d’his­toire et con­sulta son compte en ban­que.

Assuré de ce qu’il pou­vait dépen­ser, ou plu­tôt ne pas dépen­ser pour chi­ner la plume vue la veille sur le mar­ché aux puces, notre ama­teur de bro­cante fit le tri dans sa biblio­thè­que en bois d’ébène. Celle-ci s’allon­geait sur tout le mur en face de la fenê­tre de la pièce prin­ci­pale de son appar­te­ment et débor­dait sur celui de gau­che, à côté de son petit bureau. Notre livri­vore en sor­tit les livres de valeur qu’il avait déjà lus, en vue de les ven­dre ou tro­quer. Une fois le pour et le con­tre pesé sur le pin­ce­ment de coeur à l’idée de s’en sépa­rer, il n’y avait plus que trois livres qui avaient quitté le bois pour se retrou­ver dans sa besace.

Greendle eut un sou­rire amusé en ima­gi­nant la pro­ba­ble négo­cia­tion qu’il devrait mener avec Sha­kire Jack­son. Il regarda l’heure affi­chée sur son poi­gnet. Il était 10 h bien enta­mées, il ne fal­lait pas qu’il traîne plus…

« Si, en s’effor­çant de sui­vre le cou­rant, la plume
devient le pro­lon­ge­ment de la lumière d’âme,
Alors le passé et l’ave­nir se com­pri­ment et s’enflam­ment
dans une goutte d’encre qui ancre tout depuis le pos­thume…
»

à sui­vre / to be con­ti­nued - cli­quez ici pour lire la suite et fin du pre­mier cha­pi­tre du roman les pages déchi­rées

© Pas­cal Lama­chère - août-sep­tem­bre 2008

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