Coeur d’enfant


Quand l’enfant s’est penché à son petit ruisseau,
Il se voit déjà grand et sent où va son fleuve.
C’est l’aube chatoyante où les cieux sont au beau

Arrivent l’embouchure et les premières épreuves,
Nuages vont, viennent, le temps est incertain.
L’enfant sonde le bonheur, il va graver ses preuves

La barque suit son cours, sans penser au lointain,
Comme si un trait ardent cela est, l’instant mire
Le coeur, mue sans changer, se recouvre d’étain…

Ô, Joie ! Sens du monde donne tout le sourire,
Malgré intempéries, que l’âme du coeur d’enfant
Puisse déployer ailes, se bercer à la lyre

Ô ! Poussières d’étoiles… de là va puiser sang,
D’encre réaliser, des fenêtres les ailes
Vont tracer le fleuve dans les cieux aimants

Tout en s’ouvrant à vie, comme un jeu de marelle,
Va pouvoir revenir au lieu où ruisseau
Offre l’antre à soi des saisons éternelles…

L’adulte s’avance, fardé de bien des maux,
Certaines des journées en mauvaises surprises
L’ont un peu effritées, il pose le fardeau

Mais même éclats voilés, il continue… se grise,
Donne avec passion, sans compter, sans détour,
Jusqu’à lie de l’espoir, que bond charnel attise…

Garder le coeur enfant, c’est « aimer* » pour toujours…

~ © Pascal Lamachère - Janvier 2002 ~

 

(* aimer, dans le sens aimer son prochain, aimer la vie, avoir des étoiles dans les cieux tapies malgré les intempéries etc.

** Explication “technique” : Dans la Tersa Rima, le premier tercet offre deux rimes masculines embrassant une rime féminine (se terminant par un e muet); celle-ci est reprise au second tercet pour embrasser une rime masculine nouvelle, qui, au troisième tercet, embrassera à son tour une nouvelle rime féminine, et ainsi de suite. La pièce se termine par un vers isolé qui rime avec le second du dernier tercet. On peut naturellement commencer par deux vers féminins embrassant un vers masculin.)